Communiqué de presse
Olivier Debré
La poétique de l’eau
Poursuivant sa politique d’ouverture à l’art contemporain, le musée des Beaux-arts de Pont-Aven présente, du 2 février au 1er juin 2008, une exposition de peintures d’Olivier Debré. Première rétrospective depuis sa mort en 1999, cette manifestation exceptionnelle
s’inscrit dans une collaboration étroite entre sept musées français, permettant ainsi d’apprécier toutes les facettes de la carrière d’Olivier Debré. Au musée de Pont-Aven, la sélection d’une trentaine d’huiles sur toile non figuratives s’oriente tout particulièrement sur les travaux des décennies 60 à 90, les Signes-paysages.
Considéré comme l’une des figures majeures de l’abstraction, au même titre que Rothko, Poliakoff, Soulages et de Staël, il adopte une technique singulière basée sur les variations d’épaisseur de la pâte. De grandes étendues de couleur, fluides et lisses, sont bordées à leurs extrémités, ou ponctuées à même la surface d’empâtements de matières polychromes. En dehors de toute représentation, de toute culture, la couleur est par ellemême porteuse d’une émotion. C’est ainsi qu’à l’aide d’une palette de couleurs vives ou assourdies, il crée une sensation de plénitude, de chaleur estivale ou de froide grisaille.
Le choix de présenter Olivier Debré permet d’aborder autrement deux spécificités de l’école de Pont-Aven : le paysage et le travail de la couleur. Partant toujours d’un contact physique avec la nature, il peint sur place, en plein air, la toile le plus souvent posée par
terre. Ni le froid, le vent ou la pluie ne le dérangent. Attentif à la respiration de la terre, de l’eau et de l’air, il réalise sur le tableau la synthèse des sensations multiples ressenties devant un paysage naturel, bien souvent côtier ou fluvial. Comme à Pont-Aven, l’accent est mis sur les sentiments personnels du peintre. Qualifiée d’ « abstraction fervente », sa peinture exprime d’abord une sensation avant de traduire une vision. Ce qui compte c’est la matière, la couleur, les variations de la lumière aux différentes heures du jour.
Les premières peintures de l’artiste privilégient les plans de couleurs austères maçonnés au couteau en couches épaisses. Il s’agit de la série des Signes-personnages. Deux oeuvres de cette période inaugurent le parcours chronologique : Personnages au bord de la mer (1953) et Famille à la grande falaise Saint-Georges (1953). Puis à partir de 1960, un tournant s’opère dans son oeuvre. Olivier Debré découvre sa propre voie avec les Signespaysages. Il adopte une palette beaucoup plus vive, intense. La matière s’allège, parfois jusqu’à la transparence. Tandis que des reliefs diversement colorés animent par endroit une surface plane tendant vers la monochromie.
Très attaché à la Touraine et aux rives de la Loire, Olivier Debré n’a cessé pourtant de peindre à travers le monde, des bords de l’Atlantique aux fjords de Norvège, en passant par l’Inde, la Thaïlande, le Japon ou Hong Kong. La poétique de l’eau invite ainsi le spectateur à parcourir une sorte de journal de voyage à travers ses notes de paysage. Il s’agit toujours de se fondre dans le lieu, d’être sensible aux qualités de l’espace et de la lumière. « Quand je suis comme le vent, comme la pluie, comme l’eau qui passe, je participe à la nature et la nature passe à travers moi. » L’eau peut s’écouler dans le lit d’un fleuve, contrarié par des îlots de rochers où s’écrasent l’écume, courir sous un ciel chargé de pluie, ou disparaître derrière un voile de brume.
Cette manifestation déjoue assurément l’idée que l’on se fait du paysage. Créé par Olivier Debré celui-ci devient un espace de voyage, de traversé à la fois visuel, tactile et émotionnel. « L’importance est la force d’émotion contenue dans la toile. Seule compte l’intensité. La force. La densité. » (Olivier Debré)