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La Peinture recommencée

19 Juin - 31 Oct 2010
Vernissage le 18 Juin 2010

Humble copiste et fin connaisseur de l’oeuvre de Marcel Duchamp, André Raffray s'approprie des oeuvres qui le fascinaient. Il reconstruit l’histoire de l’art à sa manière.

Communiqué de presse
André Raffray
La Peinture recommencée

Recommencer mais pas refaire: André Raffray construit son travail à partir de la confrontation de l’original à la copie, du point de vue et du motif à la technique picturale, à la photographie et au cinéma.

«La modernité d’André Raffray réside dans son rapport au style… la capacité de mettre à distance le style comme fin en soi. C’est le pouvoir critique de son oeuvre.»

Le cinéma
Avant de devenir le peintre de la peinture, André Raffray, responsable de l’atelier d’animation de Gaumont, a réalisé de très nombreuses gouaches pour les Brigades du Tigres, une des premières séries télévisuelles à succès, qui ne comprend pas moins de six saisons.

Il s’agit de mêler faits divers et problèmes de société à travers l’histoire des polices parallèles de Georges Clémenceau. Le parti pris historique qui s’appuyait sur une documentation précise donna l’occasion à André Raffray de se confronter à la reconstitution.

Il participa également à l’illustration de l’Encyclopédie audiovisuelle du cinéma français, dirigée par Claude-Jean Philippe.

Le paysage et l’invention de la modernité: regarder n’est pas voir
La commande d’une série d’illustrations sur la vie de Marcel Duchamp pour l’inauguration du centre Georges Pompidou en 1977 décide de son orientation. Tout débute par l’image de l’oeuvre considérée, sa reproduction, puis l’enquête autour du motif.

André Raffray se revendiquait comme l’artiste qui recommence le sujet des autres avec ses propres moyens. Il repérait le lieu du tableau et le photographiait, puis le peignait au format de l’oeuvre originale à condition que le site fut vraiment symbolique de l’artiste et qu’il suscitât l’émotion nécessaire.

Les diptyques de portraits d’artistes célèbres, de paysages, introduisent la confrontation entre la copie de l’oeuvre et la représentation du site ou du sujet réalisé d’après photographie. Ainsi s’installe le trouble entre l’image originale, le lieu d’origine et la reproduction… L’utilisation des crayons de couleur instaure une distance et une illusion supplémentaires.

Les déchirures ont débutées avec le constat du changement du site représenté: ce qui n’existait plus dans le paysage peint par un artiste a été déchiré de la photographie et recommencé aux crayons de couleur d’après la toile du maître; ce qui existe encore, constitue l’autre partie de la photographie et du tableau.

Étant donnés
Virtuosité, fétichisme et passion de l’histoire de l’art seraient les qualités intrinsèques du travail d’André Raffray mais insuffisantes pour construire sa démarche qui s’élabore véritablement à partir de l’étude de l’oeuvre de Marcel Duchamp, réalisée pour honorer la commande du centre Georges Pompidou avec La Vie illustrée de Marcel Duchamp.

L’expérience des Brigades du Tigre nourrit sans doute le processus de choix des épisodes à illustrer comme la mise en image narrative.

Pour la dernière gouache, André Raffray, à court de documentation, s’est rendu au Philadelphia museum of art afin de mener l’enquête sur Étant donnés, 1) la Chute d’eau, 2) le Gaz d’éclairage (1946-1966), la dernière oeuvre de Marcel Duchamp, révélée au public en 1969, neuf mois après sa mort, et qui suscita un véritable choc esthétique, souvent qualifié de «viol visuel».

En effet, il s’agit d’une installation, longuement mise en scène, à la fois secrète et totalement explicite, qui oblige le visiteur à devenir un véritable voyeur, matérialisant ainsi la conception esthétique de Duchamp, pour qui l’oeuvre n’existe pas en soi mais dans le regard du spectateur.

Á travers deux orifices d’une vieille porte de grange, celui-ci regarde, dans la faille d’un mur de briques, une femme nue, allongée les jambes écartées dans un paysage avec une chute d’eau en arrière-plan, et tenant un bec de gaz.

La place de l’érotisme chez Duchamp est «Énorme. Visible ou voyante, en tout cas sous-jacente» car «c’est vraiment le moyen de mettre au jour des choses qui sont constamment cachées…».

André Raffray reconstruit Étant donnés pour dépasser la mise à distance du «regardeur» : il «facilite la vie à ceux qui ont tant de mal à voir» car «Étant donnés, c’est l’oeuvre par excellence…» «Le corps est là, comme une proie insaisissable. Il est peut-être une métaphore de tout acte créateur cherchant à atteindre l’inaccessible. En ce sens, il exerce […] une véritable fascination puisqu’il vous met face à vos désirs et à vos frustrations…»

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