L’exposition « La page manquante » est un projet de l’artiste Renaud Auguste-Dormeuil qui a été présenté en 2019 au Musée des Moulages de l’hôpital Saint-Louis à Paris. Le Centre Wallonie-Bruxelles en propose une réitération avec de nouveaux participants: une soixantaine de plasticiens belges et français. L’exposition collective présente une étrange bibliothèque.Â
La genèse du projet « La page manquante »
Tout commence par un égo froissé. En apprenant l’existence d’un projet de catalogue qui devait recenser les grands autoportraits d’artistes contemporains, Renaud Auguste-Dormeuil s’est demandé spontanément « pourquoi ne suis-je pas dedans ?», avant de convenir avec humour « parce que je n’ai jamais fait d’autoportraits ». Puis, dans un troisième temps, il s’est mis à rédiger la page qu’il estimait manquante dans ce catalogue : celle qui aurait dû le représenter. Ce processus d’une estime de soi contrariée s’est, de l’autodérision à la réaction, transformé en la production d’un concept d’Å“uvre collective ouverte à d’autres artistes et acteurs du monde de l’art.
Une bibliothèque d’ouvrages aux pages manquantes
L’exposition du Centre Wallonie-Bruxelles rassemble ainsi une soixantaine de créateurs, de critiques ou de directeurs d’institutions culturelles, qui ont tous accepté d’écrire la fameuse « page manquante » du livre de leur choix. Qu’il s’agisse de prendre sa revanche, de proposer un complément, de pallier un regret, de compenser l’oubli d’une référence, les raisons de ces ajouts sont aussi diverses que les ouvrages sélectionnés. La page manquante se présente sous la forme d’un addendum, une pratique éditoriale qui permet de mettre à jour ou de corriger les informations d’un livre déjà imprimé. Renaud Auguste-Dormeuil a ainsi constitué une véritable bibliothèque d’ouvrages retouchés, triés selon les motivations de ces retouches.Â