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La page, de l’Antiquité à l’ère numérique

Cet essai qui a accompagné les conférences données par Anthony Grafton en 2012 au musée du Louvre, souhaite démontrer que la transformation profonde des modes de production et de réception des textes à travers le numérique coïncide pourtant avec les pratiques que l’on retrouve à travers toute la tradition écrite depuis l’Antiquité.

Information

Présentation
Anthony Grafton
La page, de l’Antiquité à l’ère numérique

A l’ère du numérique, nous assistons à une transformation profonde des modes de production et de réception des textes. Le lecteur est constamment invité à construire du sens à partir des matériaux multiples et hétérogènes que lui offrent les nouvelles technologies. Anthony Grafton démontre que cette mutation, si radicale qu’elle puisse paraître, coïncide avec des pratiques de diffusion et de réception du texte que l’on retrouve, sous des formes diverses, dans toute la tradition écrite depuis l’Antiquité.

Tout en rappelant certains modes de fonctionnement de la lecture numérique, il illustre sa thèse à travers des exemples historiques, empruntés à la tradition manuscrite et au livre imprimé. Aussi loin qu’on puisse remonter dans l’histoire de la page, on s’aperçoit qu’on est toujours et encore dans une «histoire du futur». Nous devons nous en souvenir, à une époque où les livres sont censés disparaître dans le virtuel.

Réimpression dans la collection Bibliothèque Hazan de cet ouvrage définitivement épuisé dans la collection La Chaire du Louvre.

«Il y a pourtant un revers à la médaille. Au moment où les textes électroniques commencent à accaparer tout un segment du marché littéraire et où les publications électroniques prennent une place de plus en plus indispensable dans la vie de tous les lecteurs, certains critiques se lèvent pour dénoncer la métamorphose de la page. Pour tout partisan de la facilité d’accès aux contenus numérisés — bien adaptés à notre mode de vie actuel —, il y a un esprit fâcheux qui pose des questions inquiétantes sur les habitudes des lecteurs numériques ou sur la nature des textes numérisés. Pour tout professeur qui se réjouit de voir ses élèves naviguer sur la toile et sauter de lien en lien, il en est un qui se demande si des jeunes qui ont grandi en lisant plus d’écrans que des pages sont encore capables d’assembler des informations solides et des arguments pertinents.

Dans un ouvrage récent, Nicholas Carr défend l’idée — sur la base des dernières recherches des cogniticiens — que la lecture numérique est condamnée à rester une activité superficielle. Des études menées sur les cerveaux des lecteurs — certaines reposant sur l’imagerie par résonance magnétique, d’autres sur des tests de compréhension plus traditionnels — convergent dans leurs résultat. Elles montrent que la lecture d’un texte écrit (à la main ou imprimé) et d’un texte sur écran fait intervenir des parties différentes du cerveau, et de manière autre.

Le lecteur qui parcourt un livre conventionnel, page après page, transfère le contenu du texte d’une manière lente et régulière vers sa mémoire à court terme, d’où il passe dans sa mémoire à long terme selon un processus tout aussi simple, direct et régulier. En revanche, celui qui lit sur écran utilise le cortex préfrontal dorsolatéral — c’est-à-dire la partie du cerveau qui résout les problèmes et prend des décisions — pour naviguer de lien en lien. Ce faisant, son cerveau est très actif, beaucoup plus que celui d’une personne qui lit une page traditionnelle. De plus, les cerveaux des lecteurs aguerris de textes numériques présentent une activité plus important que ceux des novices, preuve que la lecture sur écran modifie le cerveau lui-même.»

Anthony Grafton

Sommaire
— Préface par Henri Loyrette
— Chapitre I: La page et son lecteur: de l’ère numérique à l’Antiquité
— Chapitre II: La page en mutation: métamorphoses et significations
— Chapitre III: La page illustrée: Hartmann Schedel et son contexte
— Chapitre IV: Labyrinthe et Minotaures: la page savante
— Notes
— Indications bibliographiques

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