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La Nature dans l’art sous le regard de la photographie

Présentation synthétique de photos sur le thème de la nature, en 13 parties commentées qui sont autant de démarches artistiques particulières. Y sont réunis des artistes qui ont choisi de sortir de l’atelier et de prendre la nature soit comme sujet de leur travail (la photo est l’œuvre), soit comme matière principale (la photo est le témoignage, la trace).

— Auteur : Gilles A. Tiberghien
— Éditeur : Actes sud, Arles
— Collection : Photo poche
— Année : 2005
— Format : 12,50 x 19 cm
— Illustrations : 68, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 144
— Langue : français
— ISBN : 2-7427-4965-9
— Prix : 10,52 €

Présentation

On sait, depuis les célèbres écrits de Sol LeWitt, le rôle essentiel joué par la photographie dans l’art conceptuel et, d’une manière plus large, dans l’ensemble du champ des arts plastiques contemporains. Dans cette optique, la photographie n’est pas l’œuvre en soi, même si, paradoxalement, elle lui est consubstantielle.
Cette problématique nouvelle s’est imposée avec l’émergence, aux États-Unis, dans les années soixante, de pratiques artistiques arbitrairement regroupées sous l’appellation Land Art ou Earth Art. La photographie, médium complexe, est activement convoquée à ces processus créatifs inédits. Quand Robert Smithson installe sa jetée en spirale sur le Grand Lac salé, Richard Long son cercle de bois flotté sur le détroit de Bering ou Walter de Maria ses pieux capteurs d’éclairs dans le désert du Nouveau-Mexique, la photographie capte, enregistre, témoigne de l’existence même de l’œuvre. Délaissant l’espace balisé de l’atelier, Dennis Oppenheim, Peter Hutchinson. Michael Heizer interviennent sur le paysage, jouent de l’immensité des espaces, s’emparent de la terre et de ses dérivés comme matériaux, modifiant radicalement nos perceptions temporelles et spatiales.

On comprend que le caractère éphémère de ces créations exige l’intervention de la photographie, mais une autre question se dévoile, issue du courant minimaliste et dont l’acuité ne cesse d’interpeller la photographie: la dématérialisation de l’œuvre d’art. Si le vent, la terre, l’eau ou le feu deviennent des acteurs de la création, on peut se demander avec l’historien d’art Irving Sander «où est l’œuvre ?» Témoignage, trace ou preuve, la photographie déploie cette question sans en épuiser la complexité. Si pour Jan Dibbets «l’œuvre d’art, c’est la photo», Smithson n’en retient qu’une plate documentation «destructrice de l’esprit de l’œuvre» cependant que Christo revient aux cimaises pour accrocher les tirages témoins de ces emballages…

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Actes sud — Tous droits réservés)

L’auteur
Gilles A. Tiberghien est maître de conférence en esthétique à l’université de Paris I. Membre des comités de rédaction des Cahiers du musée d’Art moderne et des Carnets du paysage, il est l’auteur de Nature, Art, Paysage (Actes Sud) et de Land Art (éd. Carré).

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