Dessine moi une chaise… d’un trait léger et énigmatique, Oï trace sur le sol une paire de sièges fins, légers. Un partage en écriture, une invitation à agir… Ce n’est pas compliqué, le matériau, une corde, se prête à la création, une corde souple qui soudain se transforme en « rigicorde » — une technologie innovante qui assure la dimension en 3D de l’assise. Cette matière inattendue semble solide et fiable, mais elle fait illusion comme le rigitulle de Mathieu Matégot dans les années 50, la beauté du projet est dans sa simplicité, sa légèreté, sa mobilité… Dans un désir de vivre à tout moment l’insouciance de l’enfance, Oï nous propose avec la même sensibilité une balançoire de corde simplement nouée en rigicorde pour l’assise, à suspendre chez soi pour un voyage au rythme du balancement, en avant en arrière, un bonheur simple.
L’espace habité est un lieu d’expression privilégié, Oï y recompose les échelles, les sensations et les couleurs. Une Mue domestique est incitée par un prélèvement dans l’univers de la manufacture de tapis de Ruckstuhl. Oï a simplement observé et manifesté un désir, le désir de toucher, plier, couper, agencer les bandes de lin qui servent à finir le tapis, à le ganser, à lui donner son changement de statut, son passage en objet à vendre. Ce qui a séduit Oï c’est le toucher à la fois rigide et souple, brut et sensuel, les couleurs profondes. C’est avec cette matière que Oï réinvente l’espace.
Un dais dressé au centre de l’espace est simplement surélevé par deux croix de bois simples et mobiles, dans l’attente d’une fête magnifique. L’ensemble est accueillant et protecteur, le tapis, un tressage de bandes, offre une perception visuelle complexe, une œuvre en soi. Il enveloppe l’espace, de sol il devient plafond, dans la tradition ancestrale des nomades. Oï conduit et focalise dans l’espace le comportement de l’usager, captant son attention et son désir vers ses objets.
Oï réinvente le sol, mais aussi les murs ou plus exactement il réinvente le passage du sol au mur. Les bandes de tissu pliées sont comme une greffe subtile qui se détache, une mue. Processus en mouvement, fragile, éphémère, brillant de quelques éclats de miroir, compositions aléatoires au gré des désirs, ces anti-objets sont des gestes subtils et raffinés pour un espace que l’on réinvente au fil des jours.
Le groupe suisse Oï a sans doute trouvé dans l’observation des strates subtiles des alpages l’inspiration pour une douceur et une légèreté des objets qui semblent effleurer les pans du volume habité.
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Atelier Oï
— Lampe Tome, 2005. Papier et ampoule. 20 cm.
— Lampe Tome VIII, 2005. Papier et néon. 100 x 46 cm.
— Maille, 2009. Bandes de lin, hêtre massif huilé. 207 x 320 cm et 152,5 m (L).Â
— Mue (verticale), 2009. Bandes de lin, miroirs. 250 x 110 x 140 cm (jaune et marron) ; 50 x 230 x 103 cm (rouge).
— Vase décomposé, 2009. Inox. 117, 9 ou 105, 9 ou 93,9 x 36 cm.
— Tabourets et Balançoire, série rigicorde, 2009. Cordes en coton. Dimensions variables.
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