Arthur Nauzyciel
La Mouette
«La Mouette est un manifeste en faveur de la jeunesse. Pour quoi vit-on? En période de crise, dans une société baignée par trop d’images spectaculaires, qui a perdu son sens poétique, l’art et la beauté sont aussi une réponse. On a besoin d’idéal, de croyance, d’illusion, d’émotion.» (Arthur Nauzyciel)
Sur scène, avant que la pièce ne commence, le noir et blanc tremblé de L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat des frères Lumière projeté en boucle nous fait revoir les premières images animées, exactement contemporaines de La Mouette: un quai où se pressent les voyageurs descendus des voitures et que l’on ne peut s’empêcher aujourd’hui de regarder comme autant de fantômes, des mères, des maris, des enfants, des gens qui se retrouvent peut-être après des années de séparation…
Le spectacle, qui s’ouvre sur la mort de Tréplev, donc sur la fin de la pièce, propose par un effet de montage la même figure de boucle temporelle qui fait ensuite se dérouler le texte de Tchekhov comme un retour en arrière. «Je suis une mouette» dit Arkadina, et tous les personnages font leur apparition vêtus de couleurs sombres, la tête dissimulée dans un masque de mouette, dansant une danse légère et joyeuse avant que ne commence la pièce dans la pièce jouée par Nina.
Sur un sol recouvert de sable noir qui contient peut-être les sédiments du lac désormais asséché et des créatures disparues, les personnages impriment la trace de leurs trajectoires éphémères comme dans une neige en négatif.