Agnès Fornells
La Mirada
La Mirada (installation vidéo)
Dans une double projection se font face des hommes et des femmes, filmés dans un contexte particulier. Regards, attente, circulation, invitation, etc: ils sont à la périphérie de la scène qui pourrait les réunir, aux abords du cercle d’un bal de tango.
La camera s’attache aux attitudes, aux gestes et aux visages des tangueros dans une milonga (lieu de danse dédié au tango). La camera est elle-même comme un regard qui essaie de capter celui des autres.
Cette chose si furtive est déterminante car la mirada, ce regard partagé autour de la piste, est une invitation à y entrer, un accord entre la danseuse et le danseur, sans rôle prioritaire.
Le bal tango est à la source des images mais la danse y est juste suggérée, laissant plutôt place à la pause et la pose, à un état d’expectative, d’affût, et de présence dans une assemblée. Le temps est suspendu dans l’attente.
Le spectateur est invité à entrer dans cet espace tapissé de regards, qui parfois diffusent une lumière un peu triste, et se trouve pris dans cette communication recréée, dans un espace sans événement, dans l’espace ouvert d’une possibilité.
Zambombas (installation vidéo)
Les zambombas sont des festivités flamencas populaires qui se célèbrent en Andalousie à l’approche de Noël. La fête est perçue de l’extérieur par le spectateur qui est attiré, comme en passant dans une rue, par la lumière d’une fenêtre et par un son festif qui s’échappe de l’intérieur. A travers cette fenêtre on plonge dans les images de cette fête qui provoque le désir d’en faire partie.
Cependant la vitre nous en limite l’accès comme pour nous rappeler que ce n’est pas notre univers, que nous y sommes étrangers, alors que la caméra est dans une proximité privilégiée avec les protagonistes. La fenêtre apposée au mur devient une sorte de tableau qui recadre la scène déjà cernée par la vidéo.
Les Gardiennes (série de photographies)
Les photographies qui composent cette série ont été prises dans des cimetières de différentes villes (Béziers, St Denis, Paris, Marseille, Rio de Janeiro). Le cadrage qui prend pour modèle une statue funèbre fait cependant disparaître tout autre élément se rapportant au lieu.
Ces figures humaines sont projetées dans autre environnement, celui de constructions urbaines en arrière plan. Elles ont l’air d’être sous son influence ou de le veiller, encerclées, en repli, retirées et désignant la limite entre deux espaces. Leur immobilité semble interroger notre monde.