ART | EXPO COLLECTIVE

La Marque noire

25 Mai - 26 Août 2007

Le Palais de Tokyo consacre une grande rétrospective à l’artiste Steven Parrino, disparu en 2005, à travers trois expositions dont «Bastard Creature», une relecture de deux expositions dont Steven Parrino a été le commissaire en 1999 et 2003.

Richard Aldrich, Cineme Zero, Gardar Eide Einarsson, Amy Granat, Richad Kern, Jutta Koether, Michael Lavine, Chuck Nanney, Amy O’Neill, Mai-Thu Perret, Blair Thurman, Elizabeth Valdez, Banks Violette, Andy Warhol
La Marque noire

Steven Parrino n’a eu de cesse de briser les frontières. S’il a fait se croiser disciplines et médiums, il a également sollicité la collaboration de nombreux artistes. Reconnaissant l’importance de la nouvelle génération, il a soutenu sans discontinuer l’œuvre d’artistes en lesquels il croyait, collaborant avec eux, écrivant sur eux ou les invitant à participer à des expositions dont il était le commissaire. «Bastard Creature» rassemble les œuvres de cette communauté d’artistes qui continue de s’inspirer de Parrino et de son énergie.

«Bastard Creature» prend pour point de départ deux expositions organisées par Steven Parrino lui-même : «Bastard Kids of Drella», part 9 (Le Consortium, Dijon, 1999) et «The Return of the Creature» (Künstlerhaus Palais Thurn und Taxis, Bregenz, 2003). En écho à son ouverture d’esprit, le Palais de Tokyo a décidé d’inviter les directeurs de ces deux institutions à rejoindre l’équipe curatoriale pour la préparation de «Bastard Creature».

L’aura iconique de l’autoportrait photographique d’Andy Warhol d’un côté, la désinvolture glamour de Courtney Love à genoux photographiée par Michael Lavine de l’autre, posent le cadre de l’exposition. Entre les deux s’affichent rituels, violence, sexe, pop culture, gloire, beaux-arts, et nouveaux idéaux surgis des ruines d’une culture en décomposition. Le «trash» se heurte à l’esthétique formelle et révèle que l’un ne va pas sans l’autre.

Beau et laid, transparent et opaque, noir et coloré, une lutte des contraires sous-tend l’œuvre de Jutta Koether. Collaboratrice régulière de Parrino et de son projet musical Electrophilia, elle présente ici une toile noire mêlant divers matériaux. Autre collaboratrice, Amy Granat conçoit des films 16mm en boucle et ses «Chemical Scratch Films» (2003) sont nés de la destruction même du film. Amy O’Neill présente une nouvelle version de sa série Parade Float Graveyard, une roue de wagon en métal doré sur une plateforme tournante. Avec ses sculptures aux surfaces monolithiques lisses noires ou dorées, Mai-Thu Perret poursuit l’écriture d’un scénario qui intègre la notion d’un héroïsme contrarié.

Les œuvres de Chuck Nanney, Blair Thurman, Banks Violette et Richard Kern font plus directement référence à la pop culture et à ses héros déchus. La peinture de Nanney reconsidère le pop à l’aune du minimalisme ; les néons de Thurman évoquent les courses automobiles ; tandis que Violette propose un face-à-face entre deux plateformes noires et un télescopage de lumières fluorescentes, comme si une musique avait dépassé son point de rupture. Le film de Richard Kern, basé sur l’évocation de pratiques extrêmes, reflète la décadence et l’indécence de la culture underground du Lower East Side de New York.

Présentes dans l’œuvre de Steven Parrino, les qualités graphiques de l’image dépouillée jusqu’à sa pure essence sont également centrales dans l’œuvre de Gardar Eide Einarsson, qui, armé d’un pochoir et d’une bombe de peinture, couvre le mur d’une réplique de grillage. A une plus petite échelle, Richard Aldrich ramène la peinture à son potentiel graphique minimal. Les motifs et lignes courbes du dessin d’Elizabeth Valdez ont été créés pour la couverture de son album de bande dessinée Black Noise – une série d’albums à paraître, créés en souvenir de Parrino et produits par les artistes John Armleder, Mai-Thu Perret et Amy Granat. Les photocopies de Cinema Zero, collectif nomade lancé grâce au soutien et aux encouragements de Steven Parrino constituent des collages étranges qui servent aussi d’annonce aux événements organisés par le collectif. La vidéo FTW (for S.P.) est une collaboration faite au début 2005.

Comme leur ami et collaborateur Steven Parrino, tous ces artistes explorent les marges de la culture et tous croient dans le potentiel radical de l’art.

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