La mairie de Paris et le Théâtre de la Ville de Paris ont décidé de déposer conjointement plainte, contre les perturbateurs de la pièce de théâtre de Romeo Castellucci (Sur le concept du visage du fils de Dieu) présentée depuis jeudi 20 octobre 2011 au Théâtre de la Ville, pour «actes de dégradation du domaine public» et «atteinte à la liberté de création et d’expression artistique» (AFP, 22 oct. 2011).
Présentée au festival d’Avignon, la pièce de Romeo Castellucci met en scène un père et son fils affrontant ensemble la déchéance de l’âge, sous le regard d’un portrait géant du Christ, peint par Antonello de Messine: «des scènes qui peuvent être choquantes mais aucunement une attaque contre la religion», affirme l’administrateur du théâtre, Michael Chase.
Orchestrées à l’initiative de l’Institut Civitas et de gens qui n’ont pas vu la pièce, les perturbations, de violences manifestes, devraient être sévèrement condamnées. Gageons qu’elles le seront: la justice a déjà débouté l’association AGRIF, qui demandait l’annulation du spectacle. En avril 2011, le procès historique qui opposait cette même association à la collection Lambert, à l’occasion de l’exposition Andres Serrano, avait abouti à la condamnation sévère des ultra-catholiques, obligés de verser 5000 euros de dommages et intérêts pour le «préjudice» causé.
Dans le climat actuel, caractérisé par une montée des intégrismes en tous genres contre l’art contemporain, la justice démontre son engagement en faveur de la liberté d’expression. Espérons qu’à force de sanctions dissuasives, les détracteurs seront à l’avenir de moins en moins nombreux.
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— Interview d’Agnès Tricoire, avocate de la collection Lambert
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