Carlos Amorales
La Langue des morts
Depuis une quinzaine d’années, Carlos Amorales (né en 1970, vit et travaille à Mexico) crée et développe un alphabet visuel constitué de dessins vectoriels qu’il décline dans ses Å“uvres. Cette «archive liquide», souvent issue d’éléments empruntés à l’iconographie populaire, est ainsi la base de ses dessins, collages, installations ou encore de ses vidéos d’animation.
Si l’artiste, à travers des images mentales à la portée parfois intime, infiltrait jusqu’ici des notions telles que l’animalité, les paradoxes de la beauté ou encore l’inquiétante étrangeté, il explore aujourd’hui un nouveau projet poétique autour de la mort, la vanité et le langage. Avec sa nuée d’insectes à la fois merveilleuse et menaçante de son installation Black Cloud l’artiste plongeait déjà le spectateur dans un moment d’intense vibration, entre séduction et répulsion absolue.
Cette exposition s’inscrit formellement dans la continuité de ses recherches sur la transformation du langage figuratif en une typographie calligraphique, où les formes se voient transformées en signes abstraits et éléments asémantiques.
Dans la première partie de l’exposition, Carlos Amorales présente La Langue des Morts, un roman photo composé d’un ensemble de quinze impressions sur papier. Cette œuvre a été réalisée à partir de photographies violentes extraites de la presse mexicaine, illustrant les morts causées par la guerre contre les narcotrafiquants.
Tous ses personnages de ce roman photo témoignent d’une cruelle vérité, victimes pour la plupart de crimes atroces, ils semblent coexister et communiquer entre eux «le langage proposé pourrait être celui de la mort si elle parlait, comme si nous nous trouvions dans une sorte d’au-delà épouvantable. Ce travail pourrait être compris comme l’expression du sentiment d’aliénation envers notre propre culture, où la guerre semble impossible à rationaliser et où les sens échappent à l’imagination». (Carlos Amorales)
Carlos Amorales présente dans la deuxième partie de l’exposition une installation composée entre autre de plusieurs grands mobiles dont la forme générale est indubitablement inspirée par Alexander Calder. Cette Å“uvre mouvante, composée de cymbales, laisse le spectateur libre de créer sa propre musique. Selon l’artiste, «cette installation fait allusion à l’état de silence et de tranquillité, qui en étant jouée par les visiteurs peut devenir soit harmonique, soit chaotique. Ces sculptures sont des antidotes à l’horreur de la guerre et la violence: mon désir personnel est ainsi de proposer un véritable moment de plaisir».
Vernissage
le vendredi 2 mars 2012 Ã 17h
critique
La Langue des morts