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La gratuité, c’est le vol. Quand le piratage tue la culture

Denis Olivennes, patron de la Fnac, affirme son opposition à une culture gratuite, favorisée par Internet, et défend une diversité culturelle qui a un prix.

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Denis Olivennes
La gratuité, c’est le vol. Quand le piratage tue la culture

La culture n’est pas une simple marchandise. Mais elle n’est pas non plus gratuite. C’est bien par l’effet du marché que les œuvres de l’esprit ont cessé d’être réservées à une élite pour devenir accessibles à tous.
Or c’est cela qui est en péril aujourd’hui : la création et la diversité culturelle sont moins menacées par l’«impérialisme américain» ou la «tyrannie du divertissement» que par le piratage. La culture de la gratuité tue la culture.

Extrait :
« La question de la répression est sans doute la plus mauvaise manière d’aborder le problème. En même temps, le débat sur ce point est un excellent symptôme. Chez tous nos voisins européens, de la Scandinavie à l’Espagne, et dans la plupart des autres pays occidentaux, des Etats-Unis au Japon, la répression du téléchargement sauvage d’œuvres sur Internet s’est mise en place sans que personne y trouve à redire. La Cour suprême des Etats-Unis n’est-elle pas allée jusqu’à inverser une jurisprudence «libérale» vieille d’une trentaine d’années pour mieux satisfaire les besoins de ce combat ?
Motivés par l’ambition économique (soutenir les industries culturelles) et le souci artistique (protéger les auteurs), les grands pays développés trouvent naturel que quiconque souhaite écouter une chanson ou voir un film (fût-ce par le biais des logiciels de peer-to-peer) acquitte directement ou indirectement un droit. De même jugent-ils parfaitement normal que les consommateurs pirates, puisqu’ils contreviennent à l’ordre public et lèsent les ayants droit, encourent des sanctions pénales et civiles. Chez nous, aucun consensus de cette nature, bien au contraire !
Si personne n’est descendu dans la rue contre le droit d’auteur, des centaines d’invectives et d’exhortations se sont donné libre cours sur les blogs et les chats, des pages et des pages d’éditoriaux ont été noircies dans les grands quotidiens, des dossiers et des appels ont été publiés dans les hebdomadaires, des controverses ont été enregistrées à la radio et à la télévision, et, finalement, une bataille parlementaire s’est déroulée pendant plusieurs semaines dans les travées du palais Bourbon et du Sénat. Là, la discussion a donné lieu à de beaux échanges de noms d’oiseaux : «liberticides» contre «assassins» du droit d’auteur… »

Denis Olivennes, normalien, agrégé de lettres, énarque, est l’auteur, avec Nicolas Baverez, de L’Impuissance publique (Calmann-Lévy, 1989). Il a travaillé au cabinet de Pierre Bérégovoy à Matignon, et aux côtés de Christian Blanc à Air France. Il est aujourd’hui PDG de la Fnac.

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