La Garde-Robe

Présentation
Emmanuelle Houdart
La Garde-Robe

Emmanuelle Houdart est un garçon formidable. Il y a des jobs que les garçons ont tout à fait le droit de s’approprier. Renaud voulait faire infirmière… Emmanuelle a fait jardin d’enfants, et c’était parfaitement dans ses cordes.

Sauf qu’à un moment donné Emmanuelle Houdart s’est aperçue qu’en plus d’être un bon gars, elle était une fille. Bien foutue. Alors elle a voulu faire pape, astronaute et cancérologue. Emmanuelle Houdart fait pas du dessin de majorettes. Elle aurait dirigé la guerre des Malouines comme on organise une garden-party, et les petites cuillières auraient été de la revue et pas traînées n’importe où…

Donc pape, personne en a voulu, alors elle fait astronaute-cancérologue, et elle visite ’lespace de nos souffrances létales avec un fume-cigarette en guise de joy stick, de baguette magique et de bâton de maréchal. Elle ne fait pas ça sans compassion, ce ne sont pas des souffrances qu’elle nous dispense gratuitement. Elle observe leur avancée comme si c’était les siennes, et la précision de son regard les tient comme à distance et fige les lignes de front pour un moment.

Pour s’endurcir au métier, elle a suivi un régime séèvre et s’est nourrie de crapaud séchés, de sauterelles et de mégots de cigarettes sans additifs, et elle a appris à considérer ses propres souffrances avec dédain. C’est ainsi qu’elle peut nous offrir cette image souriante de notre agonie, cette image heureuse en somme de notre perdition.

A l’époque où l’on avait inventé la photographie, les messieurs allaient au bordel. Et ils se sont photographiés dans des poses, avec des filles, assez enjouées et inconvenantes. Et il reste de ces gens partis en poussière cette image de pure et vigoureuse transgression.

C’est un peu le bordel dans la tête d’Emmanuelle Houdart et je trouve ses transgressions joyeuses, mortelles et vigoureuses. (Sarcloret)