En entrant dans la galerie Marcelle Alix, on découvre un monde de géométries et d’architectures utopiques, un monde à l’envers peuplé d’étranges personnages simiesque. L’espace est complètement rempli par plusieurs modules en bois peints de lavis pastel, eux-mêmes composés de formes simples et multicolores formant une sorte d’immense jeu de construction.
Les motifs abstraits des modules en planches forment des polyèdres qui font écho avec les motifs du carrelage ancien de la galerie. Assemblage paradoxal, les modules ressemblent à des rampes de skateboard impraticables, ou encore à d’imposantes maquettes en bois de formations de cristaux de roche.
Mais ce monde d’apparence enfantine se révèle rapidement dangereux. Les formes s’emboitent les unes dans les autres, constituant des angles aigus, détonant avec les couleurs pastel qui égayent l’ensemble.
L’espace entre les modules est étroit, malaisé à parcourir. On est ainsi physiquement confronté aux œuvres, mais également invité à les pratiquer en grimpant, escaladant ou en s’asseyant dessus.
L’exposition se compose de trois grands modules à la fois séparés et liés comme les pièces emboitables d’un jeu de construction. En réalité, loin d’être aléatoires, les formes géométrique de chacun des modules constituent une représentation tridimensionnelle d’une vue axonométrique du même univers complexe. L’un des modules accueille, sur la même base géométrique que les autres, de plus petits modules en bois représentants d’autres mondes possibles encore inconnus.
Il s’agit bien d’architectures impossibles, mais au service d’un univers qui relèverait autant de la science-fiction que de l’utopie. Monde, univers ou dimensions parallèles nés de l’imaginaire d’Ernesto Sartori, artiste élevé aux jeux vidéos et nourri de films de science-fiction.
Son univers apparaît également sur les murs sous l’aspect de dessins et d’une peinture sur bois qui révèlent quelques traits de la vie cachée des modules où s’affairent des personnages aux silhouettes informes et aux allures simiesques. On songe à La Planète des singes, mais aussi au monde des Minipouces et aux tableaux de Breughel. La peinture et les dessins déclinent la même scène et les mêmes personnages, comme si le temps s’était arrêté dans ce nouveau monde où l’on est convié à une rencontre du troisième type.
L’installation est complétée par des modules-objets de dimensions modestes, figurant un mouvement suspendu (la course d’une balle de ping-pong), ou un ravitaillement énergétique (comme dans les jeux vidéos), ou encore un jouet pouvant servir d’arme et détachable du mur auquel il est accroché.
D’autres petits objets, dissimulés dans les modules, indiquent l’échelle de l’installation et expriment son caractère résolument ludique: raquette et balle de ping-pong, petit serpent en plastique, comme autant de bonus cachés par les créateurs dans certains jeux vidéos.
Et si l’exposition était elle-même un bonus dans le paysage artistique ou, pour les visiteurs, une stimulation de leur propre imagination.
— Ernesto Sartori, Aire pour systèmes, 2010. Glycerol, pigments, plastic, wood. 107 x 254,5 x 146,5 cm
— Ernesto Sartori, La Fureur de l, vue d’installation, 2010
— Ernesto Sartori, La Grande Petite Fureur, 2010. Glycerol, pigments, vitrified wood. 170 x 409 x 202 cm
— Ernesto Sartori, Aire pour systemes, 2010. Glycerol, pigments, plastic, wood. 107 x 254, 5 x 146,5 cm
— Ernesto Sartori, Giacomo, 2010. Glue, wood, Alpine hunter pants. 107 x 188 x 90 cm
— Ernesto Sartori, Sinus 1 vue du bas, 2010. Glycerol, pigments, crayon, ink on wood. 81 x 104 cm
— Ernesto Sartori, Outil binaire, 2010. Glycerol, pigments, wood. 27 x 89 x 24 cm
— Ernesto Sartori, 1 ou 1/24, 2010. Wood, elastic band, nail. 5 x 5 x 4 cm
— Ernesto Sartori, Sinus 1/3 d en bas en arrivant, 2010. înk, crayon and watercolour on paper. A3 plie
— Ernesto Sartori, Trois ravitaillements, 2010. Glycerol, pigments, plastic, wood. 40 x 40 x 37 cm
— Ernesto Sartori, Le Poil du seau, 2010. Ink and watercolour on paper. A4
— Ernesto Sartori, Sinus 1 en activité, 2010. Glycerol, pigments, crayon, ink, marker on wood. 191 x 204 cm