Après une enfance passée en Pologne sur le domaine familial, dans l’actuelle Biélorussie, il a étudié le droit à l’université russe de Saint-Pétersbourg. Mais après la révolution bolchévique, il a regagné en 1918 la Pologne et entamé des études d’art à l’Académie des beaux-arts de Varsovie, puis à celle de Cracovie, dans l’atelier du professeur Józef Pankiewicz, un ami de Pierre Bonnard.
Le départ pour la France
En 1924, Józef Czapski est parti à Paris avec des étudiants du groupe des «Kapistes» qu’il a contribué à créer. Autant pour fuir l’influence soviétique en Pologne (il est de noble extraction) que par l’attrait pour l’effervescence de l’avant-garde artistique dont Paris est l’un des épicentres. Józef Czapski a fait ainsi la connaissance d’André Malraux, François Mauriac, Jacques Maritain, et il a découvert Marcel Proust. La première exposition de Józef Czapski en France a eu lieu avec le groupe des Kapistes à la galerie Zak à Paris.
La fréquentation de l’avant-garde artistique
Józef Czapski rendait régulièrement visite à la pianiste Misia Sert. Née à Saint-Petersbourg, elle était l’égérie de nombreux peintres de l’époque (Renoir, Toulouse-Lautrec, Vallotton, Bonnard, Vuillard) ; l’inspiratrice de Proust, Cocteau, Mallarmé, Apollinaire ; et l’amie des compositeurs Claude Debussy, Maurice Ravel, Igor Stravinski, Karol Szymanowski. Non seulement elle a permis à Józef Czapski et aux Kapistes de s’intégrer dans le milieu de l’avant-garde artistique parisienne, mais, en tant que mécène, elle les a aidés matériellement.
L’adoption de la France
Après la Deuxième guerre mondiale, Józef Czapski, qui craignait de rentrer dans une Pologne sous emprise soviétique, resta en France, à Paris puis à Maisons-Laffitte, et définitivement à partir 1954 dans une modeste chambre-atelier à Mesnil-le-Roi, au 91, avenue de Poissy.
Fasciné par Cézanne et Bonnard, et inspiré par Chaïm Soutine et Nicolas de Stäel, Józef Czapski a été un observateur assidu de la vie parisienne qu’il a dessinée et peinte pendant plus de 50 ans. Ses tableaux montrent la salle Pleyel et de nombreux autres théâtres (en particulier l’Odéon), mais aussi des acteurs tels que Madeleine Renaud et Pierre Vial qui lui commandaient parfois des tableaux.
Quant aux dessins, leur spectre est plus large : de l’acteur Michael Lonsdale dans La Mère de Witkiewicz aux portraits de la chanteuse Edith Piaf, du général De Gaulle et du Président de la République Valéry Giscard d’Estaing à l’écrivain André Malraux.
Proximités avec le monde politique français
C’est dans le salon de Daniel Halévy que Józef Czapski a, dans les années 1930, rencontré le célèbre auteur de la Condition humaine qui, après la guerre, lui a acheté des tableaux lorsqu’il a été ministre de la Culture du général De Gaulle. Le peintre polonais a ainsi, grâce à André Malraux, accédé au monde politique des diplomates et des ministres français qui ont soutenu la Pologne dans ses difficultés face à l’URSS de l’après la Deuxième guerre mondiale.
Les dessins et les tableaux de Józef Czapski figurent dans de nombreuses collections privées de France, en particulier celle de Gilles de Boisgelin, membre d’une vieille famille de la noblesse française qui a occupé depuis le XIIe siècle des postes importants dans l’administration civile, militaire et religieuse.
Un regard sensible et humaniste sur la France
Outre les salles parisiennes de concert, les tableaux de Józef Czapski jettent un regard sensible et humaniste sur la France : les bars, les cafés et les restaurants, mais aussi les paysages et les bords de mers. Avec une attention particulière accordée à la vie des pauvres. Il adorait peindre les plages de France et la nature qui l’entourait : il s’y perdait, comme son maître Cézanne.
L’exposition (en ligne) «Józef Czapski en France»:
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Découvrez la France en Pologne en suivant la piste de Józef Czapski et de ses tableaux !
— à Paris : la maison de « Kultura » où il a habité ;
— à Cracovie : le Pavillon qui porte son nom, sa chambre reconstruite, ses tableaux appartenant aux collections polonaises et l’empreinte de la France ;
— au Palais de Kurozwęki, où les descendants de Gilles de Boisgelin présentent une superbe collection de tableaux de Józef Czapski.
Organisateurs de l’exposition
— Association CROQUIS (France) et Fondation SUSEIA (Pologne)
Conception et commissaire de l’exposition virtuelle : Elżbieta Skoczek, Pologne. Graphisme: Artur Majka, France
— Fondation SUSEIA: Créée en 2016 à Cracovie, elle organise depuis 2017 le Festival Józef Czapski. Elle est l’éditeur du site www.jozefczapski.pl
Copyright : Fondation SUSEIA. Pour les oeuvres de Józef Czapski (Joseph Czapski) © succession Józef Czapski
Le projet a été financé dans le cadre du programme pluriannuel «INDÉPENDANTE» pour 2017-2022, au titre du programme de subventions «Ponts culturels» de l’Institut Adam Mickiewicz