Fin de l’aide de l’État…
“Et le travail ?”, l’État n’en veut pas
Depuis 2005, la DRAC et le Conseil Régional de Picardie aident le collectif artistique pluridisciplinaire La Forge dans son projet “Et le travail ?”.
En décembre 2007, la convention “portant cadre d’objectifs 2005/2007” arrive à son terme ; le Directeur Régional des Affaires Culturelles envisage alors le renouvellement de la convention ainsi que le soutien à “L’heure de travail”, une exposition rendant compte des trois ans de productions artistiques.
C’est seulement en mars 2008 que le Directeur nous informe par courrier que les aides de l’État “se sont réorientées essentiellement vers des actions menées par des institutions culturelles labellisées et vers des dispositifs en faveur de l’éducation artistique et culturelle…”.
La lecture de cette lettre autorise à comprendre que les productions de La Forge ne sont plus dans les espaces de soutien que l’État accorde.
Les territoires où l’offre culturelle et artistique est très faible sont abandonnés.
Depuis 1994, La Forge et la société Le collectif a pour raison d’être la création d’oeuvres issues d’échanges et d’interactions autour de préoccupations communes et actuelles avec ceux qui font la société, la vivent et parfois la subissent. Cet ancrage a conduit à ce que, dans les premières années, nos projets ant été essentiellement financés par des fonds sociaux.
2000-2002, la reconnaissance de l’État
“Quelle vie”, la belle aventure avec la population du Val de Nièvre est malheureusement écourtée pour des raisons de politique locale. Heureusement, elle bénéficie de la reconnaissance de l’État, du soutien de la DRAC, ce qui permet à La Forge de la terminer de bonne manière par un ensemble de manifestations allant de Domart en Ponthieu aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, par le livre “Quelle vie” et par la pièce de théâtre “A l’émancipation…”
2005-2007, l’aide de l’État
La DRAC de Picardie veut sortir le travail de création de la Forge de sa précarité et lui donner le temps nécessaire à la réalisation de ses projets. Elle propose d’établir une convention d’une durée de trois ans pour permettre au collectif de mener “une démarche de prospection et de préfiguration de projets” avec la population de trois territoires picards, autour de la question du travail. Le Conseil Régional, sollicité par la DRAC, partage ce soutien à La Forge. Ainsi, durant ces trois ans, avec les subventions de la DRAC et du Conseil Régional, La Forge peut développer le projet “Et le travail?” en Thierache du centre, à Montataire et à Guise.
2008, le désengagement de l’État
Aujourd’hui, le Directeur régional regrette de ne pas pouvoir donner suite au partenariat engagé, malgré l’intérêt qu’il porte à la poursuite du travail artistique et scientifique engagé et réalisé durant ces trois ans. Il est clair qu’il s’agit d’une ré-orientation de la politique culturelle de l’État : ne plus
soutenir la création artistique en prise directe avec la société, mais uniquement la culture garantie, mise à l’abri de ses murs labellisés. L’aide de l’État est stoppée, la “mission de prospection et de développement de projets” initiée par la DRAC est sans suite….
Et maintenant ?
Devons-nous mettre au chômage le projet “Et le travail ?”, abandonner “L’Heure de travail”, ne pas porter devant le public les contributions récoltées et représentées ? N’est-ce pas perdre le travail acquis, priver le public de l’investissement voulu, abandonner la parole des personnes associées à la démarche, abandonner le travail des artistes ?
Au-delà de notre cas La nouvelle politique culturelle de l’État montre son désengagement complet dans toute démarche artistique décentralisée.
Si les structures porteuses de projets à risques, à “issue incertaine” — comme l’est chaque acte de création réelle — disparaissent au seul profit des projets porteur du label sécurisant du “connu”, “déjà vu”, “audimaté”, la culture va sombrer.
En Picardie comme ailleurs. Ce que nous ne pouvons pas accepter.
Les membres permanents du collectif La Forge : Élodie Cavel, Valérie Debure, Isabelle Jégo et Alex Jordan, graphistes de l’atelier Nous Travaillons Ensemble ; Denis Lachaud, écrivain ; Eric Larrayadieu, photographe ; Marie Claude Quignon, plasticienne et François Mairey, pratiques sociales et coordination.
Si vous voulez réagir et apporter votre soutien au travail notre collectif, faites le à cette adresse