Stéphanie Nava
La Forêt nombreuse
Stéphanie Nava utilise les ressources du dessin, de la sculpture et de l’image. Instruments majeurs de sa démarche, ils sont au service d’une pratique qui cherche à penser et à figurer les relations que l’individu entretient avec son entourage et son environnement.
Les registres en sont multiples: qu’il s’agisse du champ social, politique ou économique, ou bien du rapport amoureux, qu’il s’agisse de l’espace habité et partagé ou de celui des échanges linguistiques. Privés ou publics, réels ou fictifs, les différents espaces de ces liens coexistent dans les oeuvres de l’artiste. Ce sont les territoires qu’elle explore pour en déchiffrer les codes et les modes de fonctionnement.
L’exposition conçue pour La Box se présente comme une installation. Elle y articule des œuvres récentes. La plupart, datant de 2010, sont inédites en France. Animée par une dynamique de projet, l’artiste choisit toujours les titres de ses pièces avec soin: ils ouvrent un programme de travail.
Ainsi, À Partie Liée est une série de dessins initiée en 2007 où la ville (espace commun) et son architecture (instrument puissant de son organisation) s’envisagent comme un théâtre qui met en scène la vie des habitants.
L’appartement, l’immeuble, la rue, la boutique, le cinéma sont autant d’espaces construits ou vécus à des moments différents et qui, projetés sur le papier, s’imbriquent les uns dans les autres et communiquent entre eux. Leurs structures, avérées ou implicites, sont mises au jour par le travail du dessin.
Les Caducs, les Persistants, les Délaissés (2010) emprunte à l’ordre végétal pour titrer une installation murale. Elle consiste en une sorte de partition que les visiteurs peuvent interpréter en déplaçant les objets fixés sur des rails –chaise, lampe, tiroir, petite maison.Ils créent ainsi de nouvelles configurations et des associations inédites.
Le dispositif fait clairement référence à l’espace domestique et aux accessoires que nous manipulons chaque jour. Vieux ou neufs, religieusement conservés ou très vite remplacés, oubliés, perdus ou mémorables, ils sont innombrables à accompagner notre existence, générant nombre de gestes, de situations et de souvenirs.
Tectonique du Désastre Amoureux (2010) est un paysage mental dont l’échelle pourrait être celle du mobilier, d’une maquette ou d’une carte d’état major en trois dimensions.
L’oeuvre figure les territoires du discours amoureux. Ils se développent sur un mode archipélagique, bâtis sur des fondations molles comme le caoutchouc ou solides comme des billots de bois. On y découvre des plaines calmes et des replis sauvages sur le motif de la forêt, des accidents et des sédiments, des courbes douces et des angles vifs.