L’exposition « La flotte bleue » à Passerelle, Centre d’art contemporain de Brest, présente le nouveau projet de Laure Mathieu qui, à travers des sculptures, des vidéos et des textes, traite des notions de visibilité et de dissémination.
Avec « La flotte bleue », Laure Mathieu explore la visibilité et la dissémination
Le titre de l’exposition, « La flotte bleue », fait référence à la vélelle, une espèce animale aquatique qui évolue à la surface de la mer. Ces organismes qui se présentent sous forme d’un anneau de cartilage bleu et ovale surmonté d’une voile triangulaire translucide ne peuvent se mouvoir d’eux-mêmes et se déplacent donc au gré du vent, flottant sur l’eau tels de petits bateaux à peine visibles.
La référence à ces animaux que le biologiste marin Alister Hardy a décrite sous le nom de « La flotte bleue » plante le décor des nouvelles œuvres de Laure Mathieu et constitue une métaphore poétique de la méthode qui a guidé leur réalisation. C’est au cours d’une résidence de trois mois à Passerelle Centre d’art contemporain que l’artiste a mené son projet autour de la visibilité, de l’invisibilité et de la dissémination.
Laure Mathieu s’intéresse au savoir et à sa relation avec la fiction
Les œuvres de Laure Mathieu s’inscrivent dans la recherche qu’elle mène depuis plusieurs années autour de la question du savoir, de son partage et de la relation qu’il entretient avec la fiction. Par une démarche pluridisciplinaire abordant aussi bien la sculpture que la vidéo ou l’écriture, Laure Mathieu explore notamment le statut ambigu du récit, à la fois outil de connaissance et outil poétique. Ce travail plastique autour de la connaissance nourrit ses œuvres d’éléments issus de nombreux champs très variés tels que les sciences, la littérature et la philosophie.
Le projet de « La flotte bleue » poursuit l’exploration de l’écriture et de la fiction qui est au centre de la pratique de Laure Mathieu. Après avoir adressé une série de lettres anonymes à plusieurs acteurs de la ville de Brest, cette dernière traduit leur diffusion dans l’espace urbain par leur transposition sur divers supports : des sérigraphies sur vêtement dans l’installation Tentative de nettoyage du réel en quatre étapes, un ticket de tram imprimé… Ainsi disséminées à travers la ville, les lettres ne seront peut-être pas lues mais existent, entre visibilité et invisibilité, dans le tissu social. Leur contenu lui-même reprend la notion de dissémination en même temps que celle de la réécriture d’histoire et de la fiction puisque Laure Mathieu s’est notamment inspirée du film américain Les Conquérants de Dick Powell dont certaines scènes furent tournées près des zones d’essais nucléaires de l’armée américaine dans le désert de l’Utah, ce qui valut à plusieurs membres de l’équipe d’être contaminés.