ART | EXPO

La fin et le lever du jour

19 Oct - 21 Déc 2013
Vernissage le 19 Oct 2013

Depuis le début des années 90, toute la production de Eberhard Havekost repose sur la reprise d’images préexistantes; photographies extraites de journaux ou de magazines, images extraites de films ou de vidéos, clichés personnels, sans que leur sens d’origine ne soit un élément déterminant comme une portée historique ou politique.

Eberhard Havekost
La fin et le lever du jour

Eberhard Havekost n’invente aucune des images qu’il choisit de peindre. Il n’existe aucune création ex nihilo dans sa peinture. Tout est déjà là, tout est puisé, pillé dans une réalité au sein de laquelle les images ont déjà toutes été produites, montrées, épuisées. Les peintures d’Eberhard Havekost n’inventent rien et ne font pas même appel au souvenir que le peintre aurait de tel ou tel événement, de telle ou telle sensation.

Depuis le début des années 90, toute la production de l’artiste allemand repose sur la reprise d’images préexistantes; photographies extraites de journaux ou de magazines, images extraites de films ou de vidéos, clichés personnels, sans que leur sens d’origine ne soit un élément déterminant comme une portée historique ou politique. Plus encore il semble évident qu’il choisisse les images-sources des ses œuvres en veillant à ce qu’elles soient dépourvues de toute charge politique, historique ou sociales afin d’éviter le moindre affleurement avec toute charge symbolique.

«Je tente de découvrir quels sont les filtres que nous utilisons dans notre manière de percevoir… ma peinture essaye de déchiffrer nos filtres» explique Eberhard Havekost. Peindre ce que l’on ne voit pas ne signifie pas peindre l’invisible ou ce qui est caché mais, au contraire, affirmer que nous ne pouvons peindre que ce que nous voyons de la réalité, c’est à dire, une falsification permanente.

C’est là l’un des aspects essentiels de la peinture d’Eberhard Havekost: pousser le filtrage du réel au maximum pour redessiner une réalité édulcorée, liftée, lissée. Tout se passe comme si les sujets peints se trouvaient désincarnés, comme s’ils étaient devenus de simples coquilles ne contenant plus que les informations les plus élémentaires; comme un décor de jeu vidéo où seules les façades sont programmées.

Le principe d’interface utilisateur constitue l’articulation principale dans l’œuvre d’Eberhard Havekost. Ses peintures sont des interfaces destinées à leurs spectateurs et, en temps que telles, elles ne montrent qu’une réalité très partielle de ce qu’elles ont, elles dissimulent leur mécanique interne, elles se livrent au regard comme des surfaces affleurantes, conçues à l’image d’un logiciel grand public, selon un impératif de «convivialité» et d’utilisateur simple.

Elles donnent à voir une réalité tronquée et, ce faisant, affirment que ce que nous percevons est toujours la résultante d’un arrangement avec le réel. En d’autres termes, les peintures d’Eberhard Havekost sont des interfaces qui ne font que reproduire ce que nous faisons en permanence: filtrer la réalité, voir les choses d’un point de vue subjectif et donc forcément erroné, procéder à d’incessantes simplifications du réel, assister à une successions de réalités disparates qui se suivent comme se succèdent les photogrammes d’une pellicule cinématographique.

critique

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