Le Musée Nicéphore Nièpce de Chalon-sur-Saône consacre une exposition rétrospective à l’œuvre de Léon Herschtritt. Né en 1936, il fut en 1960 le plus jeune photographe à recevoir le prix Niépce. Quatre-vingt clichés et des négatifs inédits issus de ses archives personnelles offrent une vue d’ensemble de son travail des années 1960.
Les clichés réalisés pendant son service militaire, qui lui ont valu le prix Niépce, marquaient le début d’une carrière caractérisée par un regard humaniste.
Les photographies passent d’un thème à l’autre, avec toujours l’humain comme sujet: scènes de rues, portraits d’enfants et de la jeunesse, le peuple gitan… Elles ne recèlent à première vue aucun sens caché, aucun message à déchiffrer. Proches d’un travail de photographe-reporter, elles restituent les scènes de façon directe et brute, permettant aujourd’hui de les revivre, de constituer une mémoire.
Les clichés de soldats, de prostituées et d’amoureux dans les rues de Paris dressent le portrait d’un pays, d’une époque et restituent sans détour un panel de sentiments. Les progrès technologiques du matériel photographique ont permis à Léon Herschtritt de se concentrer sur ses sujets, d’utiliser la lumière pour capter les plus infimes expressions et pour rendre une atmosphère particulière.
L’apparente simplicité des clichés de Léon Herschtritt n’occulte pas leur profondeur et la trame parfois sombre et inquiète qui les sous-tend. Son objectif se tend volontiers vers les élans de la jeunesse française des années soixante, les mouvements sociaux, les enfants pauvres d’Algérie, le mur de Berlin ou encore les bidonvilles de Nanterre.
A travers ces vues se devine une époque en proie à des bouleversements: la rébellion de la jeunesse, les grèves générales, la crise de la culture, la fin des empires coloniaux et la naissance de nations. Ces images rendent compte de la fin d’un monde.