L’exposition « La doublure » à la Villa Arson de Nice convoque les œuvres de plus de cinquante artistes, écrivains et collectifs à une exploration des réalités alternatives. Des œuvres d’art, objets et diverses archives tendent à prouver que le monde n’est pas régi par une réalité unique.
« La doublure » ou l’exploration des réalités alternatives
L’exposition emprunte son titre, « La doublure » au premier roman de Raymond Roussel, publié en 1898. Ce roman rédigé en alexandrins narre l’histoire d’un acteur de théâtre qui n’officiera toute sa vie qu’en tant que doublure d’un célèbre comédien. Le récit a pour contexte le carnaval de Nice, lieu de duplicité et de faux-semblants par excellence. En participant au carnaval, le personnage se dédouble. Autrement dit, la doublure se dédouble.
L’exposition qui a débuté en République Tchèque et qui, après son séjour en France, voyagera en Belgique et en Italie n’est jamais tout à fait la même. Elle épouse ainsi le questionnement qui la nourrit : comment une entité fictionnelle peut-elle exister à la fois dans l’imaginaire ou l’inconscient et dans le monde réel ?
De Philip K. Dick à Arnaud Maguet, des créations dans lesquelles la réalité est déviée
Pour répondre à cette question, l’exposition rassemble des œuvres et objets de natures et d’époques très diverses. Une affiche de 1889 dessinée par Jules Chéret rappelle les expositions des Arts incohérents que Jules Lévy organisait à la fin du dix-neuvième siècle et dont le principe était de présenter des « dessins exécutés par des gens qui ne savent pas dessiner », des poèmes rédigés par des peintres, des tableaux peints par des écrivains, des œuvres loufoques et pleines d’humour qui remettent en question toute vérité établie.
L’exposition présente des Å“uvres du peintre Francis Bacon, de la designer Gemma Holt, des artistes contemporains Mariana Castillo Deball, Arnaud Maguet, Nicholas Matranga et Victoria Browne, des écrivains Richard Brautigan, William Boyd ou encore des réalisateurs James Gray et Filip Remunda. Autant de créations dans lesquelles la réalité est déviée et ne se distingue plus que difficilement de la fiction. Romain Gary y côtoie son double littéraire Emile Ajar, l’art investit la réalité architecturale chez Friedensreich Hundertwasser, on y croise les personnages de fiction Charlotte York et Betsy Bickle et l’ont y relit le roman de Hawthorne Abendsen, un écrivain qui n’existe que dans le roman uchronique Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick, par une troublante mise en abîme.