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La disparition des lucioles. Exposition à la prison Sainte-Anne

La Collection Lambert présente plus de 250 œuvres montrant la diversité de la création contemporaine dans le décor saisissant de l’ancienne prison Sainte-Anne, au cœur d’Avignon. Ce catalogue revient sur cette exposition hors-les-murs particulièrement ambitieuse à travers une série de textes qui font le lien entre les œuvres et la mémoire du lieu.

Information

  • @2014
  • 2972-2-330-03223-4
  • \39€
  • E382
  • Zoui
  • 4Français-Anglais
  • }220 L - 280 H

Présentation
Eric Mézil (dir.)
La disparition des lucioles. Exposition à la prison Sainte-Anne

Pour Pasolini, les «lucioles» symbolisaient les dernières lueurs émises par toutes les formes de contre-pouvoir sous la menace des lumières aveuglantes de la nouvelle société de consommation, du spectacle et des images (L’Article des lucioles, Corriere della sera, février 1975). Or ces mêmes images, quand elles sont rigoureusement et modestement pensées, savent dépolluer les esprits et invitent à résister, comme l’a montré l’historien de l’art Georges Didi-Huberman dans Survivance des lucioles (Minuit, 2009). En 2014, il est donc tout naturellement associé au projet de l’exposition «La Disparition des lucioles».

Un lieu. «Ces lucioles» porteuses de contestation et d’espérance occupent l’ancienne prison Sainte-Anne, au cœur de la ville d’Avignon. Durant un semestre, ce bâtiment désaffecté se fait le vecteur d’un puissant imaginaire mêlant les dimensions historiques, sociales, pédagogiques et esthétiques. Le décor saisissant des différents quartiers, des couloirs et des cellules, tous inchangés depuis le départ des prisonniers, dévoile plus de deux cents installations, sculptures, peintures, photographies et vidéos.

Une collection. Enea Righi, grand collectionneur italien, prête pour l’occasion de très nombreuses œuvres, notamment conceptuelles, représentant la diversité de la production internationale des années 1970 à aujourd’hui. A celles-ci s’ajouteront des prêts de grandes collections publiques et privées.

Avec les textes de: Eric Mézil, Georges Didi-Huberman, Sylvestre Clap et Philippe Artières.

Ce catalogue est publié à l’occasion de l’exposition «La disparition des lucioles» présentée à la prison Sainte-Anne du 18 mai au 25 novembre 2014.

«Lorsque se crée une vide institutionnel c’est bien souvent la création qui s’en empare. Dans l’année qui avait précédé le transfert des prisonniers, Martial Lorcet, artiste et photographe intervenant en milieu carcéral, avait conduit une action avec eux. Des œuvres, essentiellement des collages, avaient été réalisées puis exposées en 2004 au Grenier à sel avec les réalisations photographiques de l’artiste. C’était là une première expérience d’exfiltration d’un imaginaire dont quelques échantillons de la production ont rejoint les collections publiques.

Vidée ensuite de ses occupants puis propriété de la ville, la prison Sainte-Anne attire et suscite la création. Un «mur des offrandes» à l’angle nord-est s’est progressivement mis en place et devient un lieu de rendez-vous: il n’est pas sans relation avec la maison d’arrêt. Côté prison, des demandes individuelles de photographes, d’artistes, sont instruites en vue de projets artistiques variés.
D’autres s’affranchissent volontairement de toutes autorisations dans une démarche artistique «urbaine». Mais le lieu, dans son silence retrouvé, impressionne ceux qui le visitent. Il crée malaise, répulsion et fascination à la fois. Il contraint à une forme d’humilité, de respect, et engage un travail de mémoire. C’est tout l’esprit de la collecte d’objets délaissés que va assurer le plasticien Jean-Michel Pancin qui présente un aspect de son travail en 2012 au Palais de Tokyo. C’est ce qui anime l’association Mémoire lorsqu’elle intervient pour les Journées du Patrimoine en septembre 2010 en accrochant sur les murs les toiles photographiques d’Ange Esposito. Quelque temps après, alors que Serge Barbuscia théâtralise le thème, les œuvres en désagrégation renvoient à la perception que l’on a de l’intérieur lorsque l’on y pénètre, un désert oppressant qui attend sa réanimation.»
Sylvestre Clap

Sommaire

— Les lucioles d’Avignon. «Oiseaux en cage» et «Belles de nuit» pour la prison Sainte Anne, par Eric Mézil
— Lumière contre lumière, par Georges Didi-Huberman
— Insensés, pénitents, criminels et artistes: un étrange ballet, par Sylvestre Clap
— Propos tenus, par Philippe Artières
— «Le ciel est, par-dessus le toit, si bleu, si calme!», par Eric Mézil
— L’Histoire vue à travers les barreaux d’une cellule de prison, par Eric Mézil
— Des rumeurs derrière les murs au miracle de la rose, par Eric Mézil
— Le quartier des femmes détenues, par Eric Mézil
— Liste des œuvres exposées
— Remerciements

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