Yves Trémorin
La Dérivée mexicaine
En 2009, lors d’une résidence au Mexique de deux mois, Yves Trémorin a réalisé un ensemble de photographies qui décrit le Mexique, d’une part, à travers la spécificité des corps de ses habitants et, d’autre part, à partir d’imageries animale et objectale des figures symboliques communes aux différentes cultures persistantes dans le monde contemporain.
Yves Trémorin vit et travaille en Bretagne. Le projet s’inscrit dans le cadre du programme Breizh Mex, d’échanges croisés avec le Mexique, initié par L’Alliance Française et avec le soutien de la ville de Rennes, du Conseil Régional de Bretagne et de la Ciudad de Mexico, du Centro de la Imagen, de la revue Farenheit au Mexique.
«La photographie contemporaine, pour peu qu’elle cherche à se construire non dans la puissance de l’instant mais avec une conscience délibérée de l’anachronisme du symbole, sait rejouer, réactiver, actualiser tous ou presque tous les modes de la représentation, même des plus anciens.[…]
Trémorin atteint au registre de l’emblème par un travail attentif et précis, d’une grande vigilance au principe d’économie de l’image qui a nourri depuis longtemps son itinéraire artistique: une économie entendue non au sens d’une recherche de réduction des moyens techniques, car de ce point de vue, l’artiste ne s’interdit rien et redéfinit régulièrement ses moyens, jusqu’à la sophistication si elle est nécessaire. La question est bien plus celle de l’économie du trajet de sens à quoi peuvent prétendre les images contemporaines, de l’économie de leur lecture.
Aux fonctions descriptives, allusives ou émotives le plus souvent de mise dans le commerce des images, Trémorin préfère des fonctionnements plus proche du symbole. Depuis les portraits en noir et blanc des années 1980 (série Cette femme-là , 1983-84, par exemple) jusqu’aux films vidéo (We Others, 1997-98, trois films) en passant par les natures mortes (Ensemble de 34 images, 1993), il s’attache avant tout à des figures qui se présentent comme des symboles.
Pour autant, de la dimension descriptive de la photo, il se sert non pour témoigner d’un monde réel, partagé, vécu, mais surtout pour éprouver la figure bien au-delà de l’apparence de l’objet, du corps pris en détail, du fragment de quotidien, fut-il emprunté à la table de cuisine ou au jouet d’enfant: en chacun de ces fragments de monde, l’artiste cherche à faire saillir l’évidence intense et chargée de l’efficacité symbolique qui est le propre de l’emblème.[…]» (Christophe Domin)