Communiqué de presse
Jean-Baptiste Decavèle et Janusz Stega
La densité du papillon
L’exposition « La densité du papillon » constitue une interrogation sur les rapports qu’entretiennent la vidéo et la peinture à partir des travaux de deux artistes Jean-Baptiste Decavèle, vidéaste et Janusz Stega, peintre.
Le cinéma a souvent pris la peinture comme modèle, en lui empruntant ses cadrages, ses compositions et ses lumières, lui associant le temps et le mouvement.
Ces emprunts valent surtout pour la peinture académique ou la peinture impressionniste qui servirent de repères esthétiques à la narration cinématographique.
Inversement, dans une histoire récente, le cinéma fut utilisé comme référence picturale à la peinture figurative (La figuration narrative, etc.).
De nombreux cinéastes ont eu une formation de peintre ou ont pratiqué les deux disciplines artistiques simultanément, c’est le cas par exemple d’Akira Kurosawa (Ran, Kagemusha…) et de David Lynch (« Lost highway », »Mulloland drive »…).
Même si, dès l’apparition du cinéma, des plasticiens ont conçu des films expérimentaux abstraits, l’histoire du cinéma reste principalement liée à la narration et à la figuration.
La vidéo plasticienne s’est libérée des contraintes cinématographiques de la narration et de la spatialisation frontale issue du théâtre. Grâce aux évolutions technologiques qui rendent le traitement des images plus aisé, elle peut intégrer des spécificités liées à la peinture comme l’abstraction ou la matière.
C’est le cas de l’œuvre de Jean-Baptiste Decavèle, qui s’apparente à une sorte d’écrasement de la figuration. Le travail sur la couleur, la surcharge de pixels, la lenteur du mouvement et l’absence de narration font glisser ses vidéos vers l’abstraction et la peinture.
Mais la matière vidéo n’est pas celle de la peinture (elle porte d’ailleurs le nom technique de bruit), elle peut sembler paradoxalement presque immatérielle, on pourrait alors parler de densité.
La densité c’est le sentiment que l’on éprouve en regardant les œuvres de Janusz Stega. Ses peintures sont faites de recouvrements par couches successives, d’épaisseurs, de stratifications, de multiplications qui au final surchargent et saturent les motifs.
Il y a chez ces deux artistes, qui pratiquent des médiums différents, la même procédure de l’altération, de l’effacement qui s’apparente à celle du temps.
Vernissage le jeudi 19 juin à 17h30.