Communiqué de presse
Boris Charmatz, Jeanne Balibar
La Danseuse malade
Horaire: 20h30
— Conception et interprétation: Boris Charmatz et Jeanne Balibar
Â
À Tatsumi Hijikata est attribuée (en 1959) la performance extrême, sombre et radicale, annonciatrice du butô : l’accouplement d’un jeune homme avec une poule, qu’il égorge entre ses jambes. Tatsumi Hijikata, danseur, a beaucoup écrit. Cette littérature de non-écrivain, de danseur, d’intensité de corps consumé, demeure inconnue en France. La Danseuse malade la fait entendre, par les voix et tout autant les corps, du danseur chorégraphe Boris Charmatz, et de l’actrice Jeanne Balibar, celle-ci intensément curieuse de danse, qu’elle a longtemps pratiquée.
Leur attribuant autant d’importance qu’aux célèbres Cahiers de Nijinsky, le chorégraphe invente « un véhicule de la pensée et des corps trimballés par les textes de Tatsumi Hijikata ». Textes « qui ne parlent pas du butô, mais sont eux-mêmes butô, d’une force inouïe de danse travaillant dans les mots ». Pas vraiment de mise en scène ou de spectacle qui illustrerait ces textes. Mais l’action de les mâcher, les incorporer, les recracher ; et faire trio avec la hantise des fantasmes pétris dans les obscurités de la mort et de l’érotisme.
On aime imaginer un butô souvent joli, en tout cas lointain, étrange, finalement exotique. Or c’est dans la fréquentation des écrits de Genet, d’Artaud ou de Bataille, au plus près des parts obscures de notre culture, qu’Hijikata forgea le tranchant originel d’une insurrection chorégraphique destinée à bouleverser le visage du xxe siècle. La Danseuse malade clame : « Pour la liberté de ton d’un art drogué à la chair ».