DANSE | SPECTACLE

La curva

12 Jan - 17 Jan 2012

Après son premier volet La Edad de Oro, La curva confronte cette fois Israel Galván, non plus à un guitariste et un chanteur, mais à deux musiciennes. Au piano et au chant, Sylvie Courvoisier et Inés Bacán déploient un univers musical féminin où se rencontrent la tradition et l’avant-garde, rapprochement rendu possible par la courbure que propose le flamenco singulier du chorégraphe.

Israel Galván
La curva

Grand rénovateur du flamenco, Israel Galván n’a pas été sans prédécesseurs.
On pourrait même dire que tout son art se souvient de Vicente Escudero (1892-1980), qu’il n’a pourtant connu que par quelques bribes de films (dont une apparition hiératique dans un film de 1966, Con el viento solano) et deux ouvrages fondamentaux écrits en 1947 et 1957. Mais il ne reste absolument rien d’un spectacle «cubiste» qu’aurait donné Vicente Escudero dans un petit théâtre parisien, La Courbe, en 1924…
Cette seule indication et l’imagination qu’elle peut susciter suffisent pourtant à Israel Galván et son très inspiré dramaturge Pedro G. Romero pour remonter le temps et, mieux encore, tenter au présent une nouvelle expérience que n’aurait sans doute pas désavouée maître Escudero.

Dans la continuité de Tabula rasa, extraordinaire trio successif piano-voix-danse, La curva embarque dans son aventure la chanteuse Inés Bacán, Bobote au compás (le rythme) et la pianiste Sylvie Courvoisier, grande figure du jazz expérimental.
Le flamenco peut-il courber l’espace?
Avec Israel Galván, tout peut arriver…
Jean-Marc Adolphe

C’est un de mes amis, Pedro G. Romero, qui a mis ce nom sur ce que je venais de lui dire – mes inquiétudes de faire une œuvre qui puisse unir deux univers, la musique contemporaine et le flamenco le plus profond, le plus originel, un flamenco que j’aime de plus en plus et que je reconnais en Inés Bacán. Je me sens à l’aise sur la ligne qui va de l’un à l’autre, à l’aise avec le silence.
Depuis ce matin, ici, on est en train de créer quelque chose qui n’a pas de nom, un nouveau monde. On est sur une île déserte et on tente de la rendre habitable. Ou bien, c’est comme si chacun de nous marchait dans sa rue, et qu’il ait été soudainement enlevé et mis dans une chambre avec les deux autres dont il ne parle pas la langue. Soudain ce sont trois langues différentes qui apprennent à communiquer. Ce spectacle sort donc le flamenco de son habitat naturel. Nous sommes dans la liberté de l’expérimentation, dans un espace où il n’y a ni début ni fin, ni concession. En spectacle, nous serons cette chambre, et le spectateur nous observera par le trou de la serrure.

Ce projet est né de ma familiarité avec le silence. De ma nécessité de déstructurer les concerts flamencos où le chant, la musique et la danse son intimement mêlés. Je voulais voir les éléments constitutifs séparément, montrer le silence. La curva est aussi la deuxième partie de La Edad de Oro (présenté à Vidy en décembre 2009). Dans ce spectacle, je m’affrontais à un chanteur et à un guitariste. Là, je vais vers le féminin, avec deux femmes, l’une très jonda (profonde au sens du chant profond des origines), l’autre très avant-gardiste. L’une avec l’autre, c’est mon idée de l’artiste-femme.
J’ai eu la chance de rencontrer Inés et Sylvie dans une courbe de mon parcours artistique. Elles m’aident à créer la bande-son de mon atelier de danse personnel, en me faisant danser de Lebrija à New York.
Dans ce voyage, je suis accompagné par mon fidèle écuyer du rythme, « Bobote ».
Israel Galván

critique

La curva

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