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La crise de l’art abstrait?

Envisageant des sources variées, cet essai entend dresser un panorama précis des enjeux que cristallise le récit de l’art abstrait à l’ère de la post-avant-garde. Hélène Trespeuch décrypte les prises de position des différents acteurs de la scène artistique; pour montrer que la crise de l’art abstrait a souvent été une crise du discours plus que des pratiques elles-mêmes.

Information

Présentation
Hélène Trespeuch
La crise de l’art abstrait?

Les années 1980 forment une décennie de bouleversements multiples qui secouent l’histoire de l’art et ses récits établis: la crise des avant-gardes, le retour de la peinture figurative, l’avènement polémique du postmoderne, l’explosion du marché de l’art et l’affirmation de scènes artistiques nationales sont quelques-unes de ces données qui modifient considérablement le paysage artistique et théorique du monde occidental.

Dans ce contexte de rupture, l’histoire de l’art du XXe siècle devient l’objet de multiples réévaluations, de bilans critiques. Et le modernisme de Clement Greenberg, qui voyait dans l’art abstrait la quintessence de la modernité et son but ultime, devient la cible privilégiée des acteurs du monde de l’art.
L’écriture de l’histoire de l’art abstrait est dès lors profondément remaniée; sa place privilégiée au sein des récits de la modernité est remise en cause.

Envisageant des sources aussi variées que les manuel d’histoire de l’art, les revues art press et October, les catalogues des ambitieuses expositions de la décennie portant sur différents chapitres de l’histoire de l’art abstrait, cet essai entend dresser un panorama précis des enjeux que cristallise le récit de l’art abstrait à l’ère de la post-avant-garde.

Décrypter les prises de positions des uns et des autres, dans un contexte économique et politique particulier, doit permettre de comprendre que la crise de l’art abstrait si souvent annoncée a souvent été une crise du discours plus que des pratiques elles-mêmes.

Hélène Trespeuch est maître de conférence en histoire de l’art à l’Université Paul Valéry — Montpellier 3 et membre du laboratoire CRISES. Elle est également membre associé de l’HiCSA à l’université Paris 1— Panthéon-Sorbonne.

«Indéniablement, une rupture a eu lieu. La crise des avant-gardes en généralisant le sentiment de la fin d’une ère a précipité la sédimentation du récit de l’histoire de l’art abstrait. L’abstraction est devenue une entité historique bien arrêtée et intimement liée à la modernité. Plusieurs catalogues rappellent les grandes étapes de cette histoire devenue canonique — Kandinsky, Mondrian, Malévitch et Pollock faisant figure d’incontournables — pour mieux rendre perceptible le fait que désormais «les peintures abstraites contemporaines sont immédiatement reconnaissables comme telles. Nous possédons, comme une donnée délivrée par l’histoire, l’idée d’abstraction». Réifiée, l’abstraction est devenue une iconographie, un ensemble d’images, comme l’indique Kerry Brougher: «Pour les modernes, les formes de croix, de cercle, de carré, de rectangle et de rayures étaient des éléments autonomes, dénuées de toute association. […] Pour nous cependant, elles sont l’iconographie de la modernité, et leur pureté autrefois permise est désormais remplie de références historiques».»

Sommaire
— Préface de Philippe Dagen
— Introduction
— La double crise de l’art abstrait
— Repenser l’histoire de l’art du XXe siècle
— Postmoderne, (post-)structuralisme, french theory, etc.
— Construire un art abstrait contemporain
— Actualisation et réécriture: autour des origines
— Actualisation et réécriture: autour des «années 1950»
— Un marché omniprésent et influent
— Faire face à une nouvelle donne politique
— Conclusion
— Bibliographie
— Index nominum

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