ÉCHOS
20 Oct 2009

La course au livre numérique

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Aujourd’hui sort en France le Kindle, le livre électronique portatif d’Amazon. Alors que Google a annoncé à la foire de Francfort le lancement pour 2010 de sa librairie digitale Google Editions. Enjeux légaux et éthiques du livre version virtuelle.

La liseuse électronique d’Amazon représente un marché moins important que prévu. Le Kindle, bien que donnant accès à presque 300 000 livres, n’est qu’en anglais et est très coûteux. De plus, ce produit pourrait être déjà obsolète, la concurrence étant rude avec téléphones multimédias type Blackberry.

Quant à Google Editions, il rendra disponibles 50000 livres, en ouvrant un compte Google, lisible sur son écran et téléchargeable sur les appareils nomades connectés à internet. De fait Google sera «marchand», en vendant les livres sous droits.

Pas d’alternative pour les bibliothèques. Google Books de son coté poursuit son inébranlable course au monopole du livre en ligne (10 millions d’ouvrages disponibles actuellement) : il semble être le seul à pouvoir numériser les ouvrages de la BnF, puisqu’il propose de le faire gratuitement contre exclusivité, et Gallica ni aucun concurrent n’a les fonds ou l’avance nécessaire.

Ainsi les négociations devront se situer à un autre niveau :
— Différenciation entre œuvres tombées dans le domaine public et celles protégées par le droit d’auteur: l’erreur a été faite à Harvard, elle ne doit pas se réitérer.
— Ainsi, rémunération obligatoire des auteurs, et protection des œuvres dites orphelines.
— Enfin, la possibilité pour les bibliothèques d’exploiter ces fichiers !

Les négociations avec le nouveau directeur de la BnF, Bruno Racine, sont ouvertes. Mais selon Lise Bissonnette (ancienne PDG de la Bibliothèque et des archives nationales du Québec), «cela ne règlerait qu’une infime partie du problème» : tous les musées et archives nationaux ont des collections immenses, pas seulement sous forme de livre, qui doivent absolument être numérisées et préservées.
«Ce ne serait pas cher payé» comparé aux trésors qui s’y cachent, et enfin pour Lise Bissonnette, on se jette sur une offre qui deviendra a fortiori pas assez complète ou compétitive d’ici peu. Et on abandonne avec légèreté un travail accumulé depuis des siècles par les bibliothécaires et les conservateurs.

D’un autre coté, les éditeurs sont inquiets par les offres de livres numériques, car le droit français ne les protège pas par un prix unique sur le marché digital : les prix vont être cassés, de la même manière que dans le monde musical avec iTunes.

En somme, avant de passer au marché du numérique, il faut établir plus de régulation, comme une charte, une alliance des différentes bibliothèques contributives, et trouver une solution au monopole dangereux de Google.

D’ailleurs en France, peu d’éditeurs ont signés avec le serveur, et certains groupes préparent leur propre interface de vente en ligne, comme Hachette ou Editis. Mais ceux-ci veulent les vendre au même prix que la version papier.

Il y a encore du chemin à faire à travers la concurrence des un et les réticences des autres avant d’atteindre cette «République des lettres» universelle et idéale des Lumières.

C’est le bon point pour Google, même si c’est un privé américain, même si c’est pour l’argent et par le biais de la publicité. La démocratisation du savoir avance, les informations vont devenir accessibles pour tous, au moment où la lecture de livres chute.

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