Avec l’exposition « La clinique du monde », c’est un large panorama de l’œuvre de l’artiste chinois Wang Du qui est présenté à la galerie Laurent Godin. Sculptures, photographies, peintures et installations explorent la société de consommation de l’information et de l’image.
« La clinique du monde » : lieu de diagnostic des maladies du monde
Deux sculptures en marbre, taillée chacune en un seul bloc, figurent deux cercueils recouverts d’un drap ou d’un drapeau. Sur l’une d’elles, on devine sous le tissu les lettres ONU en relief et sur l’autre, les lettres OTAN. Ces deux Å“uvres intitulées Morgue (ONU) et Morgue (OTAN) sont deux exemples de la démarche qui a présidé à l’exposition. Intitulée « La clinique du monde », celle-ci repose sur une nouvelle exploration du monde par Wang Du qui ne voit plus en lui une Å“uvre d’art mais un patient atteint de multiples maladies que rien ne semble pouvoir guérir. Car ce qui pourrait soigner tel organe va détruire tel autre. « La clinique du monde » est le lieu de diagnostic des maux du monde où chacun d’entre eux est l’objet d’une métaphore. Celle symbolisant les organiÂsations internationales est la morgue.
L’obsession de la sécurité nationale, la guerre provoquée, les batailles pour le monopole des ressources énerÂgétiques, la menace nucléaire, la violence sociale, le vol des richesses par une minorité, les enjeux écologiques, la compétition pour coloniser d’autres planètes, la matérialisme et le consumérisme croissants, les crises migratoires, ou encore le mélange entre commerce et culture sont quelques unes des plaies identifiées par Wang Du.
Les œuvres comme autant de métaphores des maux du monde
Accrochées par rangées sur des câbles qui forment un plafond de plus en plus bas jusqu’à rejoindre le sol, 999 photographies en couleur de personnalités politiques, de gourous sectaires et de foules exaltées forment l’œuvre Psychiatrie & cardiologie, métaphore de la politique et du fanatisme. Un tableau à l’huile de six mètres de large, sur lequel un lapin en peluche et un buste masculin, tous deux aux organes génitaux disproportionnés, volent dans un beau ciel bleu parsemé de nuages, au milieu de divers jouets érotiques. Le titre de l’œuvre, Cantine, indique une autre métaphorisation opérée par Wang Du au sein de « La clinique du monde » où la cantine d’hôpital devient le symbole du sexe.
Ainsi, de métaphore en métaphore, le monde est exposé tel un corps malade dont la vue est devenue insoutenable. Chaque œuvre est un de ses organes dissocié des autres et analysé comme sur une table de dissection.