Louise Hervé, Chloé Maillet
La Caverne du dragon ou l’enfouissement
Le duo formé par Louise Hervé et Chloé Maillet nous conduit régulièrement à parcourir différents espaces chargés d’histoires (la double architecture néo-classique du Palais de Tokyo et du Musée d’art moderne et son rapport au péplum, Belleville et la vie des Saints-Simoniens, Marne-la-Vallée et les films d’Eric Rohmer).
Dans le prolongement des recherches menées par les artistes sur les souterrains et les romans gothiques, les différents éléments de l’exposition de la galerie (une vitrine archéologique, des extraits de films, une nouvelle méthode d’inventaire balisant les sous-sols, un livre à exemplaire unique), invitent à s’intéresser à une pratique de la collection que les artistes affectionnent et à une certaine archéologie du savoir.
Identifiés, décrits, classifiés, représentés dans un fichier… les objets fragmentaires ou manquants, nous livrent les clefs d’un trésor enfoui, dont la Caverne du dragon, site archéologique situé en Autriche et très ancienne légende styrienne, n’est que la formalisation romanesque.
«Qui étaient les anciens habitants des grottes styriennes ? Telle était la question qui me hantait, enfant, tandis que je parcourais les collines escarpées de la vallée de la Mur.
Devenu adolescent, je ne cessais de m’interroger. Au lycée de Pernegg-an-der-Mur, je me sentis irrésistiblement attiré par la géologie et par l’histoire. Un vieux professeur que j’admirais beaucoup, Monsieur F. T. N., nous fit un jour un cours sur la préhistoire, et il prononça une phrase que je n’ai jamais oubliée: « On trouve les objets en bronze sous la terre ».
Des années plus tard, mon métier d’archéologue me ramena sur les lieux mêmes de mon enfance, et c’est là , sur les hauteurs qui dominent la Mur, que je fis cette première découverte, si importante pour l’archéologie styrienne, celle des bronzes du trésor de Mixnitz, qui avaient traversé les siècles, enfouis sous le sol de la Caverne du Dragon.
Je me rends compte aujourd’hui que le premier élément de compréhension du passé mystérieux des grottes de Mixnitz me fut donné par un vieil homme moustachu qui conduisait tous les samedis le petit train à crémaillère. Il racontait de vieilles histoires au petit garçon que j’étais pendant que le train hoquetait sur les pentes de la vallée de la Mur. Son récit fut comme une étincelle pour allumer un feu, ce fut lui qui fit naître ma vocation.» Extrait de I.I.I.I, La Caverne du Dragon, exemplaire unique, septembre 2010.
critique
La Caverne du dragon ou l’enfouissement