Pour mettre à l’honneur la contemporanéité de Pier Paolo Pasolini, la galerie RDV invite Jérôme Diacre et le groupe d’artistes proche de la revue Laura à présenter une exposition autour de son Å“uvre. L’occasion pour RDV de se muer en un temple atypique… Peintures, photographies, dessins, livres et installations composent La Candeur Conquérante.
On plonge au coeur des milieux populaires des années 1970-80 de New York et Paris à travers les photos de Martine Barrat. Celles-ci ne sont pas sans rappeler la posture de Pasolini qui voyait dans la jeunesse du sous-prolétariat l’espoir le plus certain de résistance face à la standardisation des modes de vie et aux dangers de l’acculturation des sociétés post-industrielles.
Toujours dans cet esprit d’engagement politico-social, le photographe Erwan Venn procède à un travail à la fois artistique et analytique qui met en perspective ses convictions anti clérico-fascistes.
Au coeur de l’exposition, on trouve la bibliothèque d’Alain Fidanza (assisté de Léa Jézéquel et Fauve Brignon-Leclerc), inspirée d’un bâtiment moderniste utilisé par les fascistes, qui offre la possibilité de consulter l’ensemble des ouvrages traduits et disponibles en français de Pasolini. Face à elle, se dresse Adam’s tree, œuvre de Fédéric Lecomte qui symbolise l’arbre de la connaissance biblique mais aussi de la dualité entre le bien et le mal, dévoilant ainsi une autre facette des écrits de Pasolini, davantage mythologique et sacrée.
L’artiste Giulia Andreani, quant à elle, interroge essentiellement la représentation du pouvoir, dimension très présente dans la vie et l’œuvre de Pasolini. A travers ses peintures, elle ouvre un dialogue critique, notamment autour de la question du droit à l’avortement vis à vis duquel, étonnamment, Pasolini s’était affirmé contre. Si la presse était un terrain d’expression privilégié pour Pasolini, elle était aussi la place publique de son lynchage. Comme une métaphore, les natures mortes sur journaux de Diego Movilla mettent en perspective la violence des polémiques autour des articles de Pasolini.
Enfin, dans une démarche plus dénonciatrice, les oeuvres de Sanjin Cosabic et Franck Charlet s’insèrent dans une prise de position radicale, proche de celle qu’a pu prendre de nombreuses fois Pasolini. Quand le premier utilise la peinture pour dénoncer la classe politique au moyen d’un détournement de la peinture classique à l’ère contemporaine, le second s’intéresse plutôt à mettre en lumière la minorité homosexuelle, questionnant ainsi la question toujours brûlante de la tolérance dans la société.