Agnès Fornells
La Bande passante. Viva La Saeta (vidéo)
Les images que nous montre cette vidéo (Viva La Saeta) gardent une part insaisissable car l’on n’a pas accès au contenu et aux circonstances de la parole qui s’y manifeste. Le noir et blanc, comme la suppression du son, soulignent l’incertitude de leur situation temporelle et géographique.
Ces images d’une fête investie par toute une population, par une identité, font écho à des formes de manifestation: le balcon comme une tribune, la rue pleine, la mise en avant d’un ou d’une série d’individus, parfois seuls mais souvent entourés d’une cellule (famille, proches) ou d’une foule.
Quant à l’origine de ces images, il s’agît de personnes interprétant une Saeta, un chant flamenco idolâtre adressé aux images en procession lors de la Semaine Sainte.
A travers une forme et des textes, de transmission orale, la saeta est un chant qui appartient à tous, anonymes. Mais ses interprétations, propres à chaque chanteur, personnelles, ne peuvent être confondues entre elles. Ce chant demande une certaine maîtrise ou détermination de la part de son interprète pour suspendre le cours de la procession (qui est alors le cours de toutes choses) et pour obtenir l’attention et l’écho de la foule. Il est une flèche (premier sens du mot saeta) lancée et relancée entre l’individuel et le collectif. (Agnès Fornells)