Présentation
Céline Delavaux
L’Art brut, un fantasme de peintre. Jean Dubuffet et les enjeux d’un discours
«L’art brut c’est l’art brut et tout le monde a très bien compris.» Jean Dubuffet sait de quoi il parle: c’est lui qui a inventé cette expression en 1945 pour l’utiliser au fil d’une production écrite foisonnante jusqu’en 1987. La longévité de l’occurrence mérite que l’on s’y arrête.
Avec l’art brut, ce que Dubuffet a risqué, ce n’est pas la nomination d’un ensemble d’objets (réalisés par des fous, des spirites ou des autodidactes), mais celle d’une manière singulière de penser l’art.
L’art brut est d’abord une invention poétique qui condense le fantasme d’un peintre. Si Jean Dubuffet avait été historien de l’art ou psychiatre, la richesse conceptuelle de l’art brut aurait-elle été mieux entendue? Révéler la force poétique du concept d’art brut et l’évidence de la valeur littéraire de l’écrit de peintre: tel est l’enjeu de cet essai.