L’exposition « ReCycle » à la galerie parisienne Chantal Crousel réunit les œuvres de dix-sept artistes autour des notions d’assemblage et de recyclage, dont elle retrace l’évolution dans l’art du début des années 1940 à aujourd’hui.
« ReCycle » retrace l’évolution du potentiel du recyclage
Peintures, photographies, collages, installations, œuvres murales et tableaux sont rassemblés comme autant de jalons dans l’histoire de l’assemblage et du recyclage dans l’art. Signées par dix-sept représentants importants de l’art contemporain, ces œuvres créées entre 1942 et 2017 nourrissent une réflexion sur le potentiel du recyclage d’objets et retracent son évolution ainsi que celui du principe d’assemblage.
L’exposition explore le recyclage, non seulement en tant que démarche permettant de conférer une signification et un usage nouveaux aux matériaux de la vie quotidienne, mais aussi sous l’angle de ce que cette pratique dit du rapport qu’entretiennent les artistes avec ces matériaux.
Le parcours suit l’évolution des principes d’assemblage et de recyclage depuis les œuvres pionnières de Kurt Schwitters jusqu’à nos jours, en passant par les artistes qui ont remarquablement exploré cette démarche au cours des années 1980. Les assemblages de Kurt Schwitters comme Sans Titre (Merzrelief, Blau, Beige) de 1942, une composition mêlant planche et autres éléments en bois, plâtre et tôle partiellement peints et fixés sur un plateau en bois à la manière d’un tableau, témoignent de la volonté de l’artiste de faire des objets du quotidiens les plus ordinaires des matériaux aussi dignes d’être utilisés dans l’art que ceux fabriquées en usine.
De Kurt Schwitters à Isa Genzken, les multiples dimensions de l’art du recyclage
Les collages de Ray Johnson réalisés des années 1960 à 1990 comme Andy Chartreuse Fabric, (Dear Jacques Derrida) ou Sans titre (Dear Emile Bernard) (and Greta Garbo) explorent le pouvoir qu’ont ces objets usuels, associés à des mots et des formes géométriques, à former des réseaux d’association et à générer une narration. De la même façon, les œuvres aux techniques mixtes de Carol Rama ont toujours recours à une matière qui s’use, comme dans le tableau Spazio anche più che tempo, qui appartient à la série de travaux réalisés dans les années 1970 par l’artiste à partir de chambres à air découpées en bandes puis collées sur la toile.
Des œuvres plus récentes témoignent d’autres dimensions du recyclage. Ainsi l’installation The hare with amber eyes d’Abraham Cruzvillegas, réalisée en 2015, s’inscrit dans une exploration des dynamiques économiques de l’artisanal, du provisoire et du recyclé. Les compositions aux couleurs criardes d’Isa Genzken, faites de ruban adhésif, papiers imprimés, autocollants, laque et peinture en spray appliqués sur panneaux d’aluminium, renvoient aux couleurs agressives et à l’environnement préfabriqué du monde contemporain.