L’exposition « Throwing Shadows » de Kris Knight à la galerie parisienne Alain Gutharc est la première du peintre canadien en France. Une nouvelle série de tableaux à l’huile poursuit son travail autour de l’intimité.
Une galerie de portraits qui explorent l’intime
Les tableaux proposent une nouvelle approche de l’ambiguïté et de l’intime à travers l’exercice pictural du portrait. La série compose une galerie de personnages, des garçons homosexuels, que le mode de captation rend troublante.
Presque aucun des modèles ne révèle un regard direct. Dans le tableau The Climber, le jeune garçon est représenté de dos, dans ceux intitulés The Last Song et Curtain Call, les modèles ont les yeux fermés. La plupart des portraits capte des visages de biais, dont le regard se dérobe à l’observateur : ainsi dans les tableaux Good Night Rich Kids, A Shadow of A Shadow ou encore Fell Flat, où les paupières baissées orientent le regard vers le bas. Tous semblent vouloir échapper à notre vue : le garçon d’In The Morning We Must Sweep Out The Shadows, allongé dans son lit, sous les draps, nous tourne le dos et celui de The Brightest Light Casts The Darkest Shadow baisse la tête. Dans le tableau intitulé A Shadow of A Shadow, la volonté de se soustraire à la présence de l’autre est accentuée par les écouteurs que le modèle a placés sur ses oreilles.
« Throwing Shadows » : ombres portées sur des émotions cachées
A la fois proches et profondément distants, les modèles le sont de nous mais aussi de celui qui les observe directement et les portraiture. Ils semblent contenir et symboliser ses propres contradictions. Apparemment sereins, plongés dans le repos, dans l’écoute de musique ou dans un moment d’échange, ils trahissent pourtant une gêne. Leur position, les ombres qui les recouvrent, leurs regards détournés révèlent leur malaise : le désir qui les habite, leur hésitation à être vu, à s’affirmer les tourmentent.
Le titre de l’exposition « Throwing Shadows » (Ombres portées) renvoie aux nombreuses ombres qui se déploient sur les corps des modèles tracés dans des tons pastels. Des ombres qui concrétisent leur émotions cachées en même temps qu’elles exploitent la théâtralité qui anime traditionnellement l’exercice du portrait. Dans ce jeu d’ombres et de lumière sont suggérées les vies de l’artiste : passées, présentes, futures ou même rêvées.