Luigi Ghirri
Kodachrome
L’ensemble des travaux présentés propose en effet une lecture philologique de la série Kodachrome, un large corpus de photographies que Ghirri a réalisées au début de sa carrière et de son succès sur la scène artistique – entre 1970 et 1978 – en y apportant les résultats de ses diverses recherches. Il s’agit d’une série d’importance capitale, à travers laquelle l’auteur développe plusieurs points fondamentaux de sa poétique, chargée de toute la tension conceptuelle qui animait la vie culturelle de cette décennie.
Le mot Kodachrome apparaît pour la première fois dans le titre d’une anthologie de photos publiée par Ghirri en 1978, un livre édité par la maison Punto e Virgola de Modène et coédité par Contrejour à Paris. Mais, en 1979, Kodachrome devient également le titre donné par Luigi Ghirri à une série spécifique, lors d’une grande exposition dédiée à son œuvre et présentée dans la salle des expositions de l’Université de Parme, accompagnée d’un catalogue édité à Milan par Feltrinelli.
Le nom Kodachrome, étant la marque d’un des plus anciens produits photographiques connus, signifie pour Ghirri, non sans ironie, la “photographie” dans le sens le plus large du terme. Tant à l’intérieur du livre Kodachrome qu’à travers la série spécifique publiée dans le catalogue de l’exposition de Parme, l’artiste enquête donc sur le thème de l’image comme substitut de la réalité. Il s’arrête sur quelques détails de l’espace anthropisé, à savoir sur ses caractères constitutifs essentiels.
La photographie que Ghirri veut analyser est une réalité morcelée. Une réalité faite de nuances de ciels, de détails, de lieux, de miroirs, réfléchissant des pans de cette même réalité. Elle est également faite de vitrines qui englobent souvent un contexte qui se reflète, d’affiches publicitaires qui dialoguent avec un objet “concret”, ou bien de fragments de papier ramassés à terre qui semblent fournir un indice. Une réalité dans laquelle le rapport entre le “vrai” et le “faux” se mesure dans la dimension de l’image, en offrant une nouvelle clé stimulante et interprétative. Commissaire: Elena Re
«La rencontre quotidienne avec la réalité, les fictions, les ersatz, les aspects ambigus, poétiques ou aliénés semble nier toute voie de sortie du labyrinthe, dont les parois sont toujours plus illusoires, au point que nous pourrions nous confondre avec elles. Le sens que je veux donner à mon travail est de vérifier s’il est encore possible de désirer et d’affronter la voie de la connaissance pour pouvoir enfin distinguer l’identité précise de l’homme, des choses, de la vie, par rapport à l’image de l’homme, des choses, de la vie». (Luigi Ghirri, Kodachrome, 1978).
critique
Kodachrome