DANSE | SPECTACLE

Kiss & Cry

14 Oct - 16 Oct 2011

Performance filmée mettant en scène dans un décor de miniatures, une chorégraphie pour quatre mains, Kiss & Cry est un conte fait d’astuces artisanales, de pirouettes sémantiques et stylistiques, de mouvements de caméra aussi. Un tour de passepasse qui s’opère à vue et en temps réel sur le plateau, sur l’écran, et sur le mode narratif enfantin du «on disait que».

Michèle Anne De Mey, Gregory Grosjean, Thomas Gunzig, Julien Lambert, Nicolas Olivier, Sylvie Olivé, Jaco Van Dormael
Kiss & Cry, NanoDanses

Le postulat de départ de Kiss & Cry est simple. D’une simplicité qui forge les fables universelles.
«Où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire»?
C’est l’interrogation qui hante une femme alors qu’elle attend, seule, sur un quai de gare. Elle pense à tous ses disparus : à ceux qui se sont évanouis dans les brumes de l’existence. Ceux qu’elle a croisés un jour et auxquels elle ne pense plus. Ceux dont elle a rêvé. Ceux qui ont été éradiqués, abruptement arrachés à la vie par un soubresaut du destin. Ou encore, ceux qui ont cheminé un temps avec elle et dont elle s’est défait par lassitude ou par désamour. Où sont ils? Perdus au fond d’un trou de mémoire conclue la voix off. S’ouvre alors littéralement le tiroir des souvenirs…
La première fois qu’elle était tombée amoureuse ça avait duré treize secondes. Elle avait treize ans dans le train en retard de dix huit heure quinze voiture numéro quatre de seconde classe chargé de quatre vingt-six passager dont un garçon de quatorze ans cinquième primaire qui partirait le quinze pour toujours. Ils étaient debout. Ils étaient serrés. Le train avait du freiner. Elle s’était accrochée. Il s’était accroché. Les mains s’étaient touchées. Pour elle, c’était la dernière fois qu’il avait fait jour.
Elle ne l’avait jamais revu. C’était devenu la nuit pour toujours même quand il était midi. Impossible de se souvenir de son visage. Elle a beau fouiller les entrailles de sa mémoire, rien n’y fait. Pas plus de visage que de corps du reste. De ses mains, oui, elle s’en souvient. De leur grain de peau, de leur douceur, de leur tiédeur.
Désormais elle n’aura d’yeux que pour les mains de ses amants : Certaines étaient comme des fruits, d’autres comme des oiseaux mort d’autres comme des plantes grimpantes. Ca la rendait triste tout ce qu’elle aurait voulu c’était des mains qui n’évoquaient rien d’autre que des mains les mêmes que dans la boîte fermée du fond de sa mémoire.

De même que tous les souvenirs tiennent dans une boîte, dans Kiss & Cry, conte miniature, c’est l’humanité dans son entier qui tient dans un mouchoir de poche, se trouve à portée de main pourrait-on dire. Car en écho à la scène inaugurale, ce sont des mains qui sont les protagonistes principaux de cette histoire, lui conférant étrangeté, tendresse et drôlerie.

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