L’exposition « Key Hiraga / Tetsumi Kudo » à la galerie parisienne Loevenbruck réunit pour la première fois les tableaux et sculptures des deux artistes japonais qui ont tiré de leur période d’activité parisienne dans les années 1960 et 1970 des styles très proches.
Des œuvres marquées par l’horreur atomique
Les œuvres de Key Hiraga et Tetsumi Kudo sont d’emblée liées par un traumatisme initial commun : celui provoqué par la bombe atomique. Cette monstruosité qu’ils ont tous deux vécue directement a façonné leur vision de l’homme, de sa place dans la nature, à l’échelle planétaire et cosmique, à son identité corporelle. Une vision qui se retrouve dans les peintures de Key Hiraga sous la forme d’un morcellement des corps : ses personnages peints au début des années 1970 présentent une anatomie déstructurée, avec des seins et des bouches placés en divers endroits tels des prothèses.
L’art de Key Hiraga et de Tetsumi Kudo est marqué par le sentiment d’enfermement
Les peintures de Key Hiraga comme les sculptures de Tetsumi Kudo sont marquées par le sentiment d’incommunicabilité, de frustration et d’enfermement qu’ils ressentent au contact d’une culture française si différente de la culture japonaise. Ce sentiment s’exprime dans les tableaux de Key Hiraga par la perspective euclidienne qu’il adopte pour toutes ses compositions à partir du début des années 1970, tel un carcan qui les emprisonne. Dans les sculptures de Tetsumi Kudo, la claustration est illustrée par les cages qu’il utilise pour les réaliser et dans lesquelles il enferme ses bribes d’univers fantasmagorique.
Des motifs communs aux peintures de Key Hiraga et aux sculptures de Tetsumi Kudo
Derrière les couleurs très vives qui caractérisent tant la peinture de Key Hiraga que les sculptures de Tetsumi Kudo s’affirme une violence commune à travers des motifs récurrents comme l’œil, la bouche, les poils, le sein, le phallus, la fleur ou encore la croix. Autant de symboles dont l’interprétation diffère grandement entre les civilisations japonaise et française et qui exprime le choc culturel ressenti par les deux artistes.