Keren Cytter
Keren Cytter
Le Plateau présente la première exposition personnelle en France de Keren Cytter, artiste remarquée cet été à la Biennale de Venise et en 2007 à la Biennale de Lyon.
D’origine israélienne, vivant et travaillant à Berlin, Keren Cytter développe un travail essentiellement vidéo mêlant les genres et les styles pour nous faire partager par de courts récits le destin souvent tragique de différents personnages englués dans la violence de leurs rapports.
Entre cinéma-vérité et sitcom, home movie et télé-réalité, performance filmée et cinéma d’auteur, Keren Cytter nous livre une succession de scènes où le réel semble constamment le disputer à la fiction. Dans la perspective de ce conflit – un conflit, donc, qui en représente d’autres –, tous les coups sont permis et chacun des paramètres inhérents à la réalisation de ces œuvres – depuis le scénario et le script jusqu’au montage, en passant par le tournage et le jeu des acteurs – est tout entier conçu et engagé dans une logique de tension qui n’a d’égale que l’exacerbation des sentiments dont il est question.
De fait, la structure filmique de ces œuvres et ses surprenants jeux de répétition, de collage et de boucle, la prise de vue (où l’artiste, caméra au poing, semble se saisir de la réalité comme par miracle), engagent le spectateur au cœur d’un maelström et d’une confusion des sentiments dans lesquels, précisément à l’instar des différents protagonistes, il se perd et dont il ne saurait ressortir indemne.
Violence et passion, le titre de l’un des derniers films de Visconti pourrait très bien être le mot d’ordre de Keren Cytter, l’artiste multipliant par ailleurs les citations et emprunts aux cinéastes qu’elle admire et qui ont représenté avant elle les tourments et les périls de l’âme. Ainsi, outre le maître italien, sont régulièrement convoqués John Cassavetes, Roman Polanski ou Pier Paolo Pasolini.
À bien des égards, au vu de ce qui mêle sans retenue vie quotidienne, souvenirs et images rêvées, dans ce lien si subtilement établi entre le réel et sa représentation, les films de Keren Cytter peuvent tout aussi bien apparaître comme autant d’éléments d’une autobiographie fantasmée.
Pour son exposition au Plateau, Keren Cytter joue de l’architecture du lieu comme un prolongement logique de ce que représente la structure de ses films: aux effets de boucle et de répétition répondent redoublements d’espaces, symétries artificielles. Une fois de plus, il s’agit – notamment en multipliant les leurres – d’engager le spectateur-visiteur dans une forme labyrinthique aux issues incertaines. En particulier, certains dessins en lien direct avec les vidéos proposées et conçus pour mieux nous orienter, agissent de par leur disposition dans l’espace comme autant d’éléments qui renforcent notre trouble.
Parmi les œuvres présentées pour la première fois à Paris: Repulsion (2006), Der Spiegel (2007), Les Ruissellements du Diable (2008) ou bien encore Four Seasons (2009).
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Paul Brannac sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
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