Des présences fantomatiques des visages de Keren Benbenisty, aux silhouettes, personnages semblant sortir d’une bande dessinée d’Hani Rashed, l’humain s’incarne à travers ces deux facettes, de l’intime au social.
Collages sur carton, superpositions, découpage de magazines, peinture, Hani Rashed crée des tableaux, comme des focus sur des faits divers. Une manière d’interpréter l’actualité et de poser un regard critique sur la société égyptienne et plus particulièrement sur la vie quotidienne de la jeunesse égyptienne.
Au sol, une foule de silhouettes, petits personnages de papier, semble s’afférer, par petits groupes. Le spectateur, au-dessus de cette foule, est placé en observateur, avec le recul critique que lui propose l’artiste. Dans ces découpages, dans ce style à la fois illustratif et naïf, s’exprime le besoin d’une complémentarité, du quotidien de la vie urbaine, aux traditions culturelles.
A contrario de ce travail de découpage et de superposition, Keren Benbenisty n’extrait pas la matière pour lui donner une forme, mais au contraire, fait du corps de l’artiste un des composants de la création et entre dans la matière. Ainsi, une des cimaises de la galerie est entièrement remplie d’empreintes de doigts, créant un maillage, quasi chromosomique, qui envahit le mur.
Au sous-sol, dans un espace plus intime, Keren Benbenisty flirte avec l’éphémère, la trace, l’insondable. Deux vidéos décortiquent une action fugace, celle de la consumation d’une allumette pour l’une, d’une bougie se transformant en lumière électrique pour l’autre. Projetée en boucle, l’action éphémère semble pouvoir se reproduire indéfiniment, contre disant ainsi sa nature fugace et volatile.Â
Dans la dernière salle, Keren Benbenisty, expose des dessins, portraits anatomiques composés d’une myriade d’empreintes digitales trempées dans l’encre, dans le thé ou encore dans l’huile. Ces présences latentes, dont on ne sait si elles s’apprêtent à disparaître, ou si elles viennent de faire surface, s’apparentent à des radiographies «artisanales» où le corps de l’artiste, comme un outil, laisse sa trace.
Keren Benbenisty
— Sans Titre, 2009. Encre (empreintes) sur papier. Dimensions variables
— Sans Titre, 2009. Bic sur papier. Dimensions variables
Hani Rashed
— Sans Titre, 2008. Collage et gouache sur carton. Dimensions variables