L’exposition « Kharmohra » au Mucem, à Marseille, rassemble une soixantaine d’œuvres représentatives de la jeune génération d’artistes afghans. En réunissant de multiples médiums, tels que la peinture, la photographie, la vidéo, la calligraphie ou encore l’installation, elle témoigne de la variété de supports, de formes et de techniques mis en œuvre pour exprimer un quotidien dominé par un sentiment d’insécurité.
« Kharmohra » au Mucem : l’art contemporain afghan
A travers les œuvres de onze artistes directement confrontés au risque sécuritaire dans leur quotidien et dont le travail est ancré dans la réalité de leur pays, l’exposition « Kharmohra », sous-titrée « L’Afghanistan au risque de l’art », offre un panorama de la situation de la société afghane presque vingt après la chute des talibans. Si après 2001, le pays a vu naître une nouvelle génération d’artistes, le contexte de paix fut de courte durée et de nouveaux, les enjeux sécuritaires ont fragilisé la scène culturelle et artistique locale.
Le titre de l’exposition, renvoie à une croyance ancienne selon laquelle on verra son souhait exaucé si l’on apporte cette « pierre de kharmohra », une glande tirée de la gorge de l’âne, à un mollah. L’artiste Abdul Wahab Mohmand a fait un parallèle entre cette pierre, qui a un coût et souvent ne tient pas ses promesses, et la question de la sécurité en Afghanistan, qui a coûté beaucoup de dollars et de vies sans que la population en voit le résultat.
Fragilisée, la vie artistique afghane n’a cependant pas disparu ; les artistes évoluant dans une situation d’insécurité ont noué avec elle un dialogue complexe et inventé de puissantes réponses formelles. L’exposition révèle ainsi une création contemporaine loin des idées reçues et explore les effets de l’insécurité quotidienne sur la création artistique, en Afghanistan comme ailleurs.
Performance de Kaveh Ayreek, photo de Farzana Wahidy, peinture de Mohsin Taasha
Une installation présente des photographies de la performance Ghorbanian réalisée par Kaveh Ayreek à Kaboul le 19 janvier 2014. Deux jours après un attentat qui avait coûté la vie à vingt et une personnes, l’artiste leur rendait hommage avec cette performance au cours de laquelle il s’effondrait soudainement au sol vingt et une fois. Avec sa photographie Breath, Farzana Wahidy exprime la situation des femmes, privées de visibilité publique.
Le tableau Kabus de M. Mahdi Hamed Hassanzada exprime la peur, le silence et le choc paralysant qui ponctuent le quotidien des citoyens, tous confrontés directement ou indirectement aux attentats. D’autres œuvres comme la série de peinture Tavalod-e dobareh-ye sorkh de Mohsin Taasha ou la peinture Farkhunda de Latif Eshraq témoignent quant à elles de la révolte qui jaillit pourtant ponctuellement face à la violence, les injustices et l’absurdité des gouvernances.