Trois figures féminines en pied, mesurant chacune près de trois mètres de haut, dominent le rez-de-chaussée de la galerie les Filles-du-Calvaire. Exécutées aux crayons de couleurs sur papier par l’artiste allemande Anja Schrey, ces réalisations impressionnent par leurs dimensions, par le rendu réaliste, et par la maîtrise technique du dessin.
Influencée par de Yoko Ono, Marina Abramovic et Cindy Sherman, l’artiste a pris le parti de se représenter toujours elle-même : accroupie, allongée ou debout dans des positions très photographiques, habillée et parfois partiellement dénudée.
Dans les trois compositions verticales de l’exposition actuelle, Anja Schrey est largement dénudée, mais sans érotisation. Elle apparaît vêtue seulement d’un t-shirt et de sandales Birkenstock dans le premier portrait, de sous-vêtements et baskets dans le second, et en t-shirt, culotte et chaussettes tirées jusqu’aux genoux dans le dernier. C’est une jeune femme moderne et confiante qui est ainsi présentée de façon neutre et détachée, aux antipodes de l’imagerie de la femme érotique.
Chaque détail est rendu avec une précision méticuleuse, l’exécution des dessins prend entre six à huit mois. La lumière douce et frontale se traduit par une atténuation des ombres, des contrastes et de la profondeur qui rappelle le style classiciste. Les modelés sont rendus par des hachures délicates. La qualité et la taille des dessins incitent le spectateur à se rapprocher et à s’éloigner des œuvres pour les saisir successivement dans leur facture et leur totalité, sans toutefois pouvoir attribuer de signification précise à ces grandes figures solitaires, coupées de tout contexte et simplement épinglées au mur.
À l’étage, sont présentés huit portraits de grand format (240 x 180cm) peints à l’huile par l’artiste hollandaise Katinka Lampe, spécialisée dans le portrait d’enfants.
L’accent est mis sur la tête du sujet dessiné avec précision sur un fond de couleur neutre. Mais la chair est comme immaculée, rendue par des couches de couleurs presque translucides, d’un ton étonnement pâle et blême, en décalage avec le sujet de l’enfant. D’autres éléments créent des tensions dans ces visages enfantins: les cheveux ont l’apparence d’une perruque ou sont cachés par une forme indéfinie; souvent, une partie du visage est recouverte d’une couche de peinture, comme par un masque ; parfois, des détails comme les cils ou la bouche sont grossièrement exagérés.
En outre, ces perturbations formelles qui viennent abolir tout illusionnisme sont soulignées par un vernis mat. Katinka Lampe dote ses modèles de regards sérieux et pensifs, plutôt inquiets, bien loin de l’imagerie contemporaine de l’enfance.
Katinka Lampe
— N°240068, 2006. Oil on canvas. 240 x 180. cm.
— N°240064, 2006. Oil on canvas. 240 x 180 cm.
— N°240069, 2006. Oil on canvas. 240 x 180 cm.
— N°60064, 2006. Oil on canvas. 60 x 60 cm.
— N°240061, 2006. Oil on canvas. 200 x 200 cm.
— N°121667, 2006. Oil on canvas.160 x 120 cm.
Anja Schrey
— Stehende II, 2004. Colour pencil on paper. 300 x 240 cm.
— Pin-up I, 2003. Colour pencil on paper. 280 x 240 cm.
— Liegende I, 2004. Colour pencil on paper. 240 x 450 cm.