Karen Knorr
Monogatari
Américaine née à Francfort (Allemagne), Karen Knorr a été élevée à San Juan (Puerto Rico), dans les années 60 et a fait ses études à Paris et à Londres. A l’université de Westminster, Karen Knorr étudiait aux côtés d’Olivier Richon, Mitra Tabrizian et Mark Lewis, abordant les débats critiques concernant les «politiques de représentation» qui émergèrent à la fin des années 70 et au début des années 80.
Dans son travail, Karen Knorr développe un langage photographique à la fois critique et ludique, utilisant différentes stratégies visuelles et textuelles afin d’explorer son sujet, se concentrant sur des thèmes qui vont de la famille et leurs modes de vie au monde animal et son intégration symbolique dans un contexte muséal.
Karen Knorr utilise la photographie pour examiner les traditions culturelles occidentales, des clubs de gentlemen de Saint James aux maisons de campagne palladiennes, présentant et commentant la société britannique. Son travail maintient constamment un dialogue critique entre art conceptuel, culture visuelle, féminisme et monde animal.
Depuis 2012, Karen Knorr est partie à la rencontre de la culture traditionnelle japonaise à travers de multiples voyages à Tokyo et Kyoto. A partir de ses recherches, elle a conçu deux séries de photographies aux approches complémentaires: les «karyukai» qui sont des portraits de femmes et les «monogatori» qui placent les animaux sauvages dans des architectures témoins d’un héritage ancestral.
«Karyukai» est une série de portraits de geisha qu’elle a pu élaborer grâce à des artistes, des modèles et des amies. Elle se réfère aux estampes japonaises ukiyo-e (terme japonais signifiant « image du monde flottant ») représentant des bijin-ga (des icônes de beauté) et les photographies sont associées à des haïkus, poèmes composés par les gardiens du temple. Ces portraits raffinés révèlent les vestiges de la culture des geishas et son influence sur les femmes japonaises contemporaines.
La série «Monogatari», qui fait suite aux séries «Fables» (2004-2008) et «India Song» (2008-2010), traite symboliquement de la vie sauvage et de son articulation à la Culture, en se rapportant cette fois-ci à l’héritage japonais et à ses mythes. Les animaux sont placés dans d’élégantes architectures que l’artiste a découvert à travers Le Dit du Genji, célèbre nouvelle moderne écrite par Murasaki Shikibu, courtisane de l’époque Heian au cours du Xème siècle. Ces temples sont encore visibles partout dans Kyoto et nombres d’entre eux renferment de magnifiques décors réalisés par la célèbre école de peinture Kanō.
Ce travail se réfère également au monde fantastique des contes populaires. Les animaux ressemblent aux yokai, fantômes et autres monstres surnaturels qui appartiennent au folklore. Les yokai peuvent revêtir les traits d’animaux aussi bien que s’incarner sous une forme humaine ou bien encore se personnifier dans un objet. Les femmes vêtues de kimonos qui les accompagnent parfois dans les mises en scène de Karen Knorr viennent corroborer l’omniprésence de la tradition.