Face au Requiem inachevé de Wolfgang Amadeus Mozart, il y au moins deux écoles. Celle qui ne jure que par l’interprétation d’Herbert von Karajan, souple. Et celle qui opte pour l’interprétation de Nikolaus Harnoncourt, limpide. Pour le spectacle Un break à Mozart 1.1, le chorégraphe contemporain Kader Attou a développé un travail d’interprétation live avec l’Orchestre des Champs-Élysées. Cultivant une danse empreinte de hip-hop et de voltige (avec sa Cie Accrorap), Kader Attou présente ainsi une pièce pour dix danseurs, sur des sonorités veloutées. Spectacle pour dix danseurs et dix musiciens, l’Orchestre des Champ-Élysées, dirigé par Philippe Herreweghe, livre une interprétation du Requiem aux accents suaves. Entre mélancolie et pointes de jazz, les cordes (violons, altos, violoncelles et contrebasse) prennent ainsi le relais des voix. Tandis que les danseurs virevoltent, sur une scène transformée en espace de conciliation poétique.
Un break à Mozart 1.1 de Kader Attou : un envol entre requiem et hip-hop
Wolfgang Amadeus Mozart et le break hip-hop ont quelque chose en commun : les envolées aériennes. Dans la poésie du mouvement et de la suspension, pas de haute ou de basse culture. Seulement de l’émerveillement et un souffle qui se coupe, suspendu à un fil. Celui des instruments à cordes des musiciens, celui des fibres musculaires des danseurs. Qui tous semblent échapper, avec la plus grande aisance, à la lourdeur. Mais sans faire l’économie de la gravité. La version du Requiem sur laquelle se base le spectacle est la transcription pour cordes de Peter Lichtenthal (vers 1815). Une version en forme d’appropriation féconde, tout comme Un break à Mozart 1.1 réinvente, sans copier, Un break à Mozart. Et déjouant les préjugés associés aux basses et hautes cultures, le chorégraphe Kader Attou signe ainsi une pièce singulière, pour un spectacle aussi élégant qu’harmonieux.
Une symbiose entre la Cie Accrorap et l’Orchestre des Champs-Élysées
Créé en 2014 pour les Nuits Romanes en Poitou-Charentes (Kader Attou étant également directeur du Centre chorégraphique national de La Rochelle), Un break à Mozart est d’abord un dialogue entre danse actuelle et musique des Lumières. Dans ce prolongement, Un break à Mozart 1.1 réécrit la pièce, tant chorégraphiquement que musicalement. Pour un tissage encore plus serré, entre le CCN de La Rochelle et l’Orchestre des Champs-Élysées. Une trame de création collective nourrie par quatre années de travail commun. Dialogue entre les cultures, Un break à Mozart 1.1 atteint ainsi ce point de maturité où la synergie devient palpable. Les danseurs sont presque en costume (pantalon noir, chemise blanche). Tandis qu’au fil de la résidence de l’orchestre au CCN, la version instrumentale du Requiem s’est étoffée de résonances issues du Don Giovanni. Pour une pièce chorégraphique mixte, poétique et vivante.
Itinéraire du spectacle (non exhaustif) :
– Le Louvre – Cour Napoléon (Paris), dans le cadre du festival Paris l’été, du 12 au 14 juillet 2019. Gratuit sur réservation obligatoire, sur le site du festival.
– Opéra Berlioz / Le Corum (Montpellier), les 7 et 8 mars 2018.