L’exposition « L’Un et l’Autre » au Palais de Tokyo réunit deux installations et des objets de Kader Attia et Jean-Jacques Lebel au sein de ce que les deux artistes conçoivent comme un laboratoire de recherche unissant leurs regards sur le monde.
« L’Un et l’Autre » : un laboratoire de recherche de Kader Attia et Jean-Jacques Lebel
Plus qu’une exposition, le projet intitulé « L’Un et l’Autre » a été pensé par Kader Attia et Jean-Jacques Lebel comme un laboratoire de recherche né de plusieurs années d’échanges entre ces deux artistes de générations différentes et sur la passion qu’ils partagent pour divers objets glanés à travers le monde. L’exposition entend ainsi donner à voir la pensée de Kader Attia et Jean-Jacques Lebel à travers ces objets en mettant en lumière l’énergie, les esprits, le sens ou encore la poésie qu’ils recèlent.
L’exposition dévoile un ensemble hétérogène d’objets : objets du quotidien, Å“uvres d’artistes, objets traditionnels appartenant à d’autres cultures, objets sacrés, objets immatériels tels que des textes, des compositions musicales ou des discours politiques… Des objets souvent réassemblés, réappropriés qui repensent l’œuvre d’art hors de toute hiérarchie. La pièce intitulée Reenactment, réalisée en 2014 par Kader Attia évoque un luth à travers un assemblage de bois, de cordes et d’un casque de l’armée coloniale française. Jean-Jacques Lebel présente un jouet bricolé à partir de balles de fusil et de morceaux de cuivre ou encore une baïonnette autrichienne transformée en faucille par des poilus pendant la première guerre mondiale.
Kader Attia et Jean-Jacques Lebel, une passion commune pour les objets
Deux installations témoignent des travaux respectifs de Kader Attia et Jean-Jacques Lebel consacrés aux enjeux majeurs de notre civilisation. L’installation labyrinthique Poison soluble de Jean-Jacques Lebel, s’intéresse, à partir de scènes de l’occupation américaine à Bagdad imprimées sur tissus et papier, à la façon dont les médias dominants font de la figure de l’autre une entité à craindre, nécessairement hostile et menaçante. L’installation The Culture of Fear: An Invention of Evil de Kader Attia réunit quant à elle des livres et journaux sur des étagères en métal autour de la question de la persistance de l’humiliation, de la torture et du viol en tant que crimes de guerre impérialiste à travers l’histoire.