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Kabarett Keif

Les œuvres de David Noonan, artiste australien basé à Londres, mêlent à peu de choses près tous les modes d’expression plastiques contemporains : le film, la peinture, la sérigraphie, le collage, la photographie, la sculpture, l’installation. Pour sa première exposition à la galerie Art:Concept, David Noonan fait référence à l’illusion et à la dérision propres à l’ambiance apocalyptique des cabarets allemands de l’entre-deux-guerres, et à une forme de folklore dont la trace photographique assume le nécessaire travail de mémoire.

L’œuvre qui donne son nom à l’exposition «Kabarett Keif» de David Noonan est une installation (2007) qui se compose de deux planches en bois découpées en silhouettes, recouvertes de lin sérigraphié.
Les personnages ainsi reproduits, vêtus de costumes modernistes évoquant le cinéma expressionniste d’avant-garde, forment comme une sorte de décor de théâtre. Le sol est recouvert de fibre de coco, matière qui assourdit les sons et les pas, et déplace l’œuvre du contexte de la galerie à celui de la scène de théâtre. La mise en condition du spectateur est amplifiée  par l’importance accordée à la sensation physique ; il pénètre dans un univers particulier, celui de la mémoire.

L’œuvre qui ponctue cette composition est une sérigraphie sur lin et jute où sont superposés des figures de cabaret. Ici règne l’illusion, les motifs noirs et blancs s’entremêlant pour figurer la reconstitution de la mémoire.
Sur ce même mode de l’illusion, David Noonan pratique des collages de toiles sérigraphiées : dans ces photographies qui superposent les mémoires, il met en valeur l’importance de l’aspect matériel de l’œuvre, qui n’est pas seulement une image, et rappelle l’ambiguïté dans l’œuvre d’art de l’original et de sa copie.

Evoquant un passé révolu, voire folklorique (Paris March, 2007), l’artiste réactive les portraits de personnes disparues. Il confère ainsi à ces images, auxquelles la toile de lin ou de jute donne la couleur et l’aspect d’un papier journal décoloré par le temps, l’impression vague d’un monde hors du temps et hors de l’espace.
Dès lors plane dans le travail de David Noonan la sensation étrange d’une vérité cachée derrière les apparence. Dans ce bricolage des figures du passé perce le thème de l’occulte, d’un monde spirituel qui reviendrait hanter les vivants.
Passant dans sa pratique de la sculpture et du collage de la deuxième à la troisième dimensions, David Noonan ouvre ici le champ à l’expérience d’une ultime dimension, engageant son œuvre vers un sentiment confus de mystère.

David Noonan
— Kabarett Keif & Untitled 2007. Sérigraphie sur lin et jute encadrée, 2 sculptures en bois et en lin sérigraphié, tapis en coco. Dimensions variables.
— Paris March, 2008. Sérigraphie sur lin, jute et toile encadrée.
155 x 115 cm.
— Untitled, 2007. Sérigraphie sur lin, jute et toile encadrée. 74 x 59 cm, 1/7 + 2 ea
— Untitled, 2007. Bois et lin sérigraphié. 203 x 70 cm environ

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