Tania Mouraud
Just in Time
La saison 2008-2009 du centre d’art Passerelle s’attachera aux problématiques liées aux métaphores politiques, à la nature et la domestication de la nature. C’est dans cette perspective que le centre d’art Passerelle présente une exposition monographique de l’artiste Tania Mouraud qui se déroulera en deux phases:
> du 11 septembre au 18 octobre 2008, seront présentées les œuvres Diary (2006), La Fabrique (2006), Art space N°6 (1987 / actualisation 2008), Identités (1995) et Made in Palace (1981), basées sur les rapports existants entre l’image politique et les différents aspects de la civilisation.
> du 11 septembre au 13 décembre 2008, uniquement cette fois-ci à l’étage du centre d’art passerelle, seront présentées La curée (2003-2004), Borderland (2007) et Sightseeing (2002) autour de l’image de la nature et de son rapport à la politique.
Diary est un ensemble de 29 vidéos de courte durée réalisé à partir d’un téléphone portable qui donne une vision abstraite de la vie quotidienne de l’artiste, agrémenté d’une bande sonore.
La Fabrique est une installation multimédia tournée dans différents villages au sud de l’Inde près de Trivandrum, Kerala. Les visages de 150 ouvriers et ouvrières sur une multitude de moniteurs dans le son assourdissant des métiers à tisser fixent le visiteur en accomplissant un travail mécanique. Les corps disloqués de ces travailleurs sont le moteur d’une étrange fabrique…
Dans La curée, des corps de chiens de couleurs fauves bougent dans une chorégraphie rituelle proche d’une danse de la vie. Ils sont visiblement heureux. L’image au ralenti montre les corps qui glissent les uns sur les autres pour pouvoir se saisir d’un morceau de viande. Mais avec le temps ces images deviennent peu à peu menaçantes et un vague malaise saisit le spectateur pour grandir de plus en plus jusqu’à créer une sorte de dégoût indélébile dans le souvenir. Et pourtant cela ne vient ni de l’image, ni du son. L’émotion peut faire place à un désir de réflexion. Serait-il question de la condition humaine ? Où s’arrête et où commence notre animalité ? Y a t’il une distanciation possible ?
Dans Borderland, l’artiste réalise une série de photographies sur le reflet du paysage environnant dans l’emballage plastique des «round baler» de paille.
La vidéo Sightseeing laisse apparaître, derrière une vitre embuée, un paysage de neige se déroule lentement en montant. S’agit-il d’un voyage en train ou en voiture ? Un son de clarinette aux accents Klezmer pleure et devient de plus en plus triste. La musique s’arrête brutalement tandis qu’apparaît un plan fixe sur une entrée vue de loin. Il dure 8 secondes, le temps de passer par de multiples pensées, déductions et suppositions. Un traveling lent sur des cheminées, de la fumée et des barbelés confirme la première impression. Un texte sur fond noir crée à nouveau la surprise avec de nombreuses questions à la mention du mot France. Cette vidéo est une tentative pudique de parler des atrocités de l’histoire, de les lier au temps présent, à la mémoire et de redéfinir le sens de l’art. Elle affirme que l’art est toujours le lieu de l’antispectacle, le lieu de l’émotion et de la pensée et que l’art peut être aussi le lieu de la raison, un contrepoint à l’irrationalité sauvage de l’humanité.