L’exposition «Jusqu’ici tout va bien» au Centre culturel suisse de Paris présente le dernier projet du duo d’artistes !Mediengruppe Bitnik. Le rapport entre l’homme et la machine est au cœur de l’œuvre.
 Des robots informatiques s’incarnent dans le réel
Des portraits féminins virtuels dont le contour des yeux est caché par un masque peuple les salles d’exposition. Des visages formant une série au nom évocateur : Ashley Madison Angel from Paris. Seul un numéro identifie chacun d’eux. Ces figures numériques sont des fembots (contraction de female bots signifiant robots féminins). Le parcours nous fait évoluer au milieu de ces présences virtuelles s’affichant sur de vastes écrans et parmi des phrases formées en néons, ponctuées de sigles typiques du langage internet tels que «lol».
L’affaire Ashley Madison qui a éclaté en août 2015 constitue le point de départ de l’exposition «Jusqu’ici tout va bien» conçue par le binôme artistique que forment Carmen Weisskopf et Domagoj Smoljo. Le site canadien de rencontres extraconjugales Ashley Madison a alors été piraté et des millions de noms et de documents privés ont été dévoilés. Cette publication de données a permis de révéler que le site compensait le surnombre d’utilisateurs par rapport aux utilisatrices par l’usage de 75 000 bots informatiques. Ces robots sont des logiciels capables de mimer le comportement humain et d’effectuer différentes actions de façon autonome, en particulier de dialoguer avec des interlocuteurs de chair et d’os.
 Quelle est la nature de la relation entre hommes et robots ?
A travers cette découverte est apparue une multitude d’interrogations autour de la relation de l’homme à la machine. C’est à ces questions que l’exposition nous confronte. Quelle est la nature de la relation mise en place à leur insu entre les hommes et les robots ? Comment la communication s’établit-elle entre les deux ? Une analyse approfondie a permis de constater que les discussions générées par les fembots étaient limitées, emprisonnant les utilisateurs du site dans un cercle vicieux de dialogues vains. Les résultats du piratage ont été analysés pour isoler ceux concernant Paris. Il est apparu que 61 fembots étaient attribués à 44 306 membres parisiens d’Ashley Madison. L’exposition donne à ces 61 robots une existence physique en les faisant apparaître comme autant de visages différents au sein de la galerie. L’ensemble d’œuvres dépasse l’affaire Ashley MadiÂson pour engager une réflexion plus globale sur les rapports entre l’homme et la machine et la place de l’intime sur Internet.