Valerio Adami est un peintre-philosophe, un peintre-écrivain. Il suffit, pour en juger, de se reporter à la vitrine de livres qui ouvre l’exposition : on y découvre des textes de Jean-Luc Nancy, Jacques Derrida, Pascal Quignard, ainsi que des textes écrits par Adami.
L’écriture, la philosophie et la peinture sont placés sur le même terrain. Le fantôme de Nietzsche n’apparaît-il pas dans une œuvre intitulée Sils Maria, évoquant ce petit village suisse où l’annonce de l’«Éternel Retour» lui fut faite ?
Les toiles de Valerio Adami sont le fruit d’une lente maturation stylistique et graphique comme en atteste la présence de dessins préparatoires dans la petite salle de l’exposition.
On voit dans ces dessins la même rigueur graphique que l’on trouve dans les tableaux : un trait noir, épais et régulier cerne immanquablement les formes tout en distinguant des espaces et des plans de représentation. A la différence des dessins, les tableaux apportent la couleur aux formes cernées, délimitées, compartimentées et segmentées.
En effet, des aplats de couleurs acidulées collaborent avec le cerne noir, donnent du dynamisme aux figures, créent de la profondeur de champ et reconstruisent l’espace de la vision traditionnelle.
Dans L’Annonce faite à Marie (2006), le jeu de couleurs est très marqué : le tableau se compose d’une confrontation aisément identifiable entre une masse bleu-gris et une masse rouge-rose. L’alliance et la confrontation des couleurs sont très intéressantes parce qu’elles sont fondées sur des couleurs nuancées, des couleurs non-couleurs. Même pour des jaunes et des bleus vifs, les couleurs utilisées sont toujours taupes et sourdes, sans profondeur. Les couleurs de Valerio Adami sont l’antithèse de celles d’Yves Klein qui donne au bleu, au rose et à l’or une intensité expressive et potentiellement explosive.
L’expression de Valerio Adami réside ailleurs, peut-être dans la mise en scène de figures enfermées dans des corps mécanisés et structurés par la ligne raide qui leur donne du rythme. De même, les figures sont enfermées dans des structures qui les délimitent, dans des cages de couleurs qui ne peuvent communiquer avec les autres cages. On pourrait penser à Francis Bacon, mais à la différence des corps baconiens, ces figures n’ont pas de chair.
Les figures de Valerio Adami ne laissent pas de trace derrière elles, elles sont posées dans l’espace abstrait qui les conditionne et n’ont pas d’ombre.
Valerio Adami
— Volta Facia, 2006. Acrylique sur toile. 198 – 147 cm
— The Blue Mosque, 2006. Acrylique sur toile. 198 – 147 cm
— Notte Stellata, 2006. Acrylique sur toile. 200 – 267 cm
— Uber Berg une Tal, 2006. Acrylique sur toile. 200 – 267 cm
— L’Annonce faite à Marie, 2006. Acrylique sur toile. 198 – 147 cm
— L’étoile du matin au printemps, 2007. Acrylique sur toile. 198 – 147 cm
— La Nave India, 2007. Acrylique sur toile. 198 – 147 cm
— Le Chevalier à la rose, 2006. Acrylique sur toile. 198 – 147 cm