De larges champs de couleurs vives, superposés, qui quelquefois se mêlent et d’autres fois se juxtaposent : les Å“uvres de la série « The Brake » (Le frein), malgré leur simplicité visuelle, sont le fruit d’une minutieuse préparation. Les couches de peinture, peintes d’un geste, invitent à les suivre, comme des tronçons de routes inachevées.
La géologie du temps
On retrouve dans cette technique la cinétique de l’aérographe, qu’affectionnait Julio Rondo dans ses Å“uvres précédentes, doublée d’une anticipation qui assure le geste sans le figer, et donnent légèreté et mouvement aux aplats de couleurs. On pourrait y lire une sédimentation du temps, arrêté en apesanteur entre les évocations de la culture pop, colorée et vibrante des années 70, et un présent plus autobiographique, frémissant, prêt à repartir.
Un espace pour le spectateur
Le curateur Leni Senger qualifie l’Å“uvre de Julio Rondo d’«abstraction romantique» : ses plages de couleurs offrent au spectateur un espace matériel pour laisser libre cours à ses associations, un filtre qui s’abstrait du temps, pour mêler intellect et émotion, un instant suspendu dans le cours d’un avenir en préparation.
Comme l’indique son titre, c’est un frein, une pause dans un monde en perpétuel mouvement, qui le suspend sans le figer, et où se côtoient le passé collectif et le présent individuel.
La narration disparaît : Julio Rondo peint des états d’âme, des virgules dans l’histoire.